La protestation des buralistes a pris différentes formes dans la région mais tous redoutent d'avoir à vendre prochainement des paquets de cigarettes recouverts de photos "préventives", qu'ils appellent musée des horreurs. Derrière ce refus, le grand malaise d'une profession.
Une quarantaine d'entre eux se sont rassemblés symboliquement devant le siège du parti socialiste à Caen, ce mardi matin. D'autres se sont réunis dans la Manche, au Bar du commerce, à Saint-Sauveur-le-Vicomte. En un an, 20 buralistes ont du fermer boutique dans ce département.
Dans le cadre d'un mouvement national, ils dénoncent la mise en place d'un paquet neutre de cigarette. Une proposition de la ministre de la santé qui pourrait être effective à partir de 2016. Ils redoutent de travailler entouré de paquets aux images "qui font peur".
A moins d'une semaine de l'examen du texte au Sénat, la Confédération des buralistes dénonce une mesure qui, selon elle, entraîne des "fermetures nettes de nombreux établissements".
"Supprimer les buralistes ne fera pas baisser le tabagisme"
""C'est le musée des horreurs", a déclaré à l'AFP Gérard Vidal, président de la chambre syndicale Sud-Ouest des buralistes. "On n'a jamais été contre une politique de santé, mais elle ne passe plus par le prix aujourd'hui. Elle passe par la prévention, et par une harmonisation des prix avec les pays voisins",
a poursuivi M. Vidal, signalant "la proximité d'Andorre, où le paquet est à 2,95 euros" contre environ 7 euros en France.
Le Sénat entamera lundi l'examen du projet de loi de Santé.
La Chambre a supprimé le 22 juillet l'idée du paquet neutre, préférant appliquer une directive européenne,
préconisée par les buralistes, qui prévoit de faire passer l'an prochain à 65% la taille des avertissements sanitaires et des photos choc sur chaque face du paquet (contre 30% et 40% sur une seule face aujourd'hui), mais sans supprimer le logo de la marque.
Le ministère de la Santé veut cependant aller plus loin et a annoncé la réintroduction du projet de paquet neutre par amendement.
Les buralistes dénoncent aussi l'éventualité d'une hausse du prix du paquet à 10 euros, proposée par la députée PS Michèle Delaunay.
"La Cour des comptes a calculé qu'entre 2004 et 2011, le montant du soutien aux buralistes, toutes aides confondues, s'est élevé à 2,6 milliards
d'euros. Quels autres commerces ont bénéficié de telles sommes ?", a-t-elle interrogé dans un communiqué, appelant les buralistes à "arrêt[er]
l'agitation" et à "conti[nuer] à travailler positivement ensemble."
La manifestation à Caen devant les locaux du Parti Socialiste:
L'interview de Christian Seuret, buraliste :