Les migrants mineurs isolés en Normandie, trop peu protégés d'un danger permanent selon une étude Unicef

Vivant dans la précarité, l'angoisse et la solitude, proies faciles pour les passeurs qui les exploitent, insuffisamment protégés par les autorités: une étude d'Unicef  France dresse jeudi un tableau alarmant de la situation des migrants mineurs isolés en Normandie et en France.

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Cette enquête, menée de janvier à avril 2016, estime à 500 le nombre de mineurs non accompagnés (MNA) sur les sept sites étudiés en Nord-Pas-de-Calais et Normandie, dont Calais et Grande-Synthe. Intitulée "Ni sains, ni saufs", et basée notamment sur les témoignages de mineurs, elle "met en évidence une série de violations de la Convention relative aux droits de l'enfant ratifiée par la France", écrivent les auteurs, qui dénoncent "une mise en danger permanente".

Intitulée "Ni sains, ni saufs", et basée notamment sur les témoignages de mineurs, elle "met en évidence une série de violations de la Convention relative aux droits de l'enfant ratifiée par la France", écrivent les auteurs, qui dénoncent "une mise en danger permanente".


Le froid, la fatigue, le sommeil

Les mineurs non accompagnés disent tous souffrir du froid, de la fatigue due au manque de sommeil et aux tentatives répétées de passer en Grande-Bretagne. En outre, "les mineurs, pourtant plus fragiles, s'installent dans les abris les moins bien isolés, ont du mal à accéder aux distributions de repas et n'ont aucune priorité aux douches". "Outre les cauchemars à répétitions, les problèmes d'angoisses, de nervosité et d'agressivité, de plus en plus d'hospitalisations psychiatriques ont lieu à la
demande des jeunes"
, souligne l'enquête.

Ni sains ni saufs

"Les mineurs, pourtant plus fragiles, s'installent dans les abris les moins bien isolés, ont du mal à accéder aux distributions de repas et n'ont aucune priorité aux douches".



Les viols

Abordant la question du viol, l'étude met en avant le risque particulier pour les jeunes garçons afghans, qui "servent d'objets sexuels à travers la pratique du +Batcha boz+" - des réunions "tenues comme légitimes par les Afghans" dans leur pays, où les garçons jouent le rôle des femmes. Sont également évoquées les questions de la prostitution et de la traite des êtres humains. Des Éthiopiennes, Érythréennes ou des Kurdes sont contraintes de se prostituer pour environ cinq euros la passe "pour réunir les 5.000 à 7.000 euros exigés pour le passage" au Royaume-Uni. A Calais, les passeurs utilisent aussi des mineurs pour détourner l'attention de la police et faire entrer leurs clients dans les camions, pour vendre de la drogue ou voler des objets revendus plus tard sur un marché informel de la "Jungle".


Créer des sites de protection

Enfin, l'étude constate l'insuffisance de la protection des MNA via des centres dédiés (seulement quatre places à Calais, 45 places à Saint-Omer distantes de 50 km) et "le manque de coordination des acteurs publics et associatifs".L'enquête fait 10 recommandations, parmi lesquelles la création de sites de protection, sécurisés et
adaptés, en l'absence desquels toute évacuation de camp doit être évitée, une formation à la protection de l'enfance des fonctionnaires et du personnel associatif, et une plus grande attention portée à la réunification familiale, aux délais actuels trop longs.
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