Les gérants des stations de lavages normands craignent de vivre ou revivre un arrêt obligatoire de leur activité, comme comme à la fin de l'été 2022.
"Je suis très inquiet", réagit Nicolas Dabzol, directeur de la station de lavage Wash-up, à Epron, près de Caen (Calvados). Alors que le risque de sécheresse cet été est fort voire très fort en Normandie - avec une intensité bien plus importante qu'en 2022 - le gérant redoute une nouvelle fermeture administrative dans les prochaines semaines : "ça serait un vrai coup dur".
Comme la majorité des stations dans le Calvados, Nicolas Dabzol avait dû cesser toute activité du 12 août au 13 octobre 2022. Il estime que son manque à gagner s'est élevé "à environ 40 000 euros", soit près de 25 % de son chiffre d'affaires. "Ça a été la triple peine avec les charges à payer, l'explosion de la taxe foncière et du coût de l'énergie", se rappelle l'entrepreneur. Même s'il a réussi à surmonter l'épreuve, cela n'a pas été le cas pour l'ensemble de ses pairs : plusieurs ont définitivement arrêté leur entreprise.
Aucune aide financière
Patrick Aubry a lui aussi été obligé de mettre en pause son travail, "mais seulement 6 semaines" tente-t-il de nuancer par rapport à ses semblables. Propriétaire de trois stations de lavage dans le Calvados, il assure soutenir les restrictions d'eau à seule condition d'être indemnisé : "sauf qu'on n'a strictement rien reçu", se plaint-il. Alors, avec le soutient de la Fédération nationale de l'automobile (FNA), dont il est représentant de la branche lavage, il a décidé de saisir un avocat pour contester ce manque.
Le gouvernement avait ouvert la possibilité, pour les employés concernés par ces restrictions de solliciter une indemnisation de l'Etat au titre de l'activité partielle. Contactée, la préfecture du Calvados explique qu'elle a traité dès août 2022 les demandes. Elle explique qu'une "vingtaine de stations de lavage du Calvados ont bénéficié, pour leurs seuls salariés impactés, de ce dispositif, soit une quarantaine de salariés concernés, pour plus de 15 000 heures de travail".
Pour minimiser les prochains risques de fermeture, Patrick Aubry a participé à plusieurs réunions avec les autres professionnels de la région. Ils ont ensemble convenu et proposé à la préfecture de réduire de 10 à 20 % leur consommation d'eau ou de fermer une piste sur deux. Mais il se désole : "Nous n'avons eu aucun retour, donc on ne sait pas quoi faire".
L'arrêté cadre sécheresse sera débattu lors du prochain comité local de la ressource en eau mi-mai. Les discussions intégreront les recommandations du ministère de la transition écologique.
Un collectif pour éviter de nouvelles fermetures.
En réaction à ces fermetures et à la difficulté rencontrée par le secteur, l'association de défense des entrepreneurs du lavage (ADEL) s'est créée en septembre 2022. Elle réunit aujourd'hui une centaine de laveurs indépendants. Aurélien Agnellet est l'un de leurs représentants et il critique ces fermetures qui étaient selon lui "surtout symboliques, pour que l'administration montre qu'elle s'occupe du problème".
Lui-même propriétaire de deux stations, il explique que laver une voiture avec un jet à haute pression consomme en moyenne 50 à 60 litres d'eau. Aurélien Agnellet indique que "la fermeture n'a pas empêché les gens de nettoyer leur voiture chez eux, alors que ça consomme beaucoup plus".