La loi immigration, votée mardi 19 décembre, continue de mobiliser contre elle les partis de gauche, et des associations humanitaires, étudiantes, et d'aide aux migrants. La Ligue des Droits de l'Homme appelle à des rassemblements ce jeudi 21 décembre en fin de journée à Rouen et Caen.
"C'est un texte extrêmement dur, l'un des plus durs depuis 40 ans concernant les migrations et le droit des étrangers, s'inquiète Maximilien Noé, membre du bureau rouennais de la LDH, la Ligue des Droits de l'Homme. Cette loi est contraire aux droits humains et au fondement de notre démocratie."
Depuis le vote de la loi Immigration, mardi 19 décembre 2023, des voix s'élèvent pour dénoncer un texte jugé discriminatoire envers les étrangers, et loin des réalités vécues par les personnes migrantes.
"On sait déjà quel parcours du combattant un migrant doit effectuer pour trouver un hébergement, ou obtenir le droit d'asile. On connaît les situations sociales, économiques, écologiques très difficiles. Et ils veulent en plus diminuer l'Aide Médicale et l'aide au logement à ces personnes ? C'est un devoir humanitaire de leur apporter une assistance médicale", poursuit Maximilien Noé.
Loi immigration, une atteinte aux principes républicains ?
La loi immigration est largement inspirée par les travaux de la droite sur les questions migratoires. Les nouvelles mesures durcissent la législation : quotas sur le nombre de personnes autorisées à séjourner en France, restrictions des conditions du regroupement familial, expulsions facilitées, fin du droit du sol automatique, préférence nationale pour les aides sociales (allocations familiales, aides au logement) conditionnées à cinq ans passés sur le territoire pour les étrangers sans emploi, régularisations au cas par cas dans les métiers en tension et soumises au préfet, durcissement de l'immigration étudiante et de l'hébergement pour les demandeurs d'asile, exigence d'un niveau de langue française...
L'Aide Médicale d'Etat -AME- qui devait être transformée, à l'origine du texte, en Aide Médicale d'Urgence, fera finalement l'objet d'une réforme future.
L'association Itinérance Dieppe, qui organise une aide aux migrants dans la région, considère que cette loi votée mardi 19 décembre est "une atteinte grave aux principes républicains", en vigueur en France depuis 1946.
Les principes d’égalité, de solidarité et d’humanité, qui fondent notre République, semblent ne plus être aujourd’hui une boussole de l’action gouvernementale. Face à ce marasme politique, notre association continuera, contre vents et marées, son travail d’accompagnement des migrant.es de la région dieppoise
Itinérance, association d'aide aux migrants dans la région de Dieppe
"Les étrangers sont inquiets, ils se posent des questions"
Thierry Patinaux est le président de l'association dieppoise Itinérance, qui accompagne une centaine de migrants chaque année dans leurs parcours administratifs, et dans l'apprentissage de la langue française.
Le climat actuel est assez pesant pour toutes ces personnes en attente d'un avenir incertain. "Il y a des mesures franchement choquantes, et on attend la réponse du conseil constitutionnel notamment sur la préférence nationale pour les aides sociales. Que les migrants travaillent ou pas, leurs enfants vont à l'école et ont besoin des allocations familiales", nous explique Thierry Patinaux.
Les migrants nous posent des questions. La vie n'est vraiment pas simple quand vous attendez un an ou deux pour avoir un titre de séjour. Certains peuvent travailler grâce à leur récépissé de demande, mais tout est lourd, tout est long. Ils se demandent ce qu'ils doivent faire de plus que se tenir bien, et travailler. À l'association on essaie de leur redonner confiance.
Thierry Patinaux, président de l'association dieppoise Itinérance
"La France n'est plus une terre d'asile"
La Ligue des droits de l'homme (LDH) estime que la loi immigration "contribue à la banalisation des idées liberticides et racistes". La différence de traitement entre les citoyens français et étrangers, va à l'encontre de leur vision d'une société égalitaire fondée sur des droits universels.
"La France n'est plus une terre d'asile à la différence d'autres pays européens, commente Maximilien Noé de la LDH de Rouen. Sur quelle base se positionnent-ils pour parler en France de vague migratoire ?"
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La LDH, soutenue par d'autres associations comme RESF Réseau éducation sans frontières, appelle à des rassemblements partout en France pour dénoncer la loi immigration.
À Rouen, le rassemblement est prévu à 18 heures, place du palais de justice
À Caen, le rendez-vous est fixé à 18 heures, au Campus 1 devant le Phénix.