Avis aux riverains des centrales nucléaires. Les autorités recommandent de posséder des comprimés d'iode stable, à retirer gratuitement en pharmacie, en cas de rejet radioactif. Mais à quoi servent-elles ? Peut-on les conserver longtemps chez soi ? Quelle solution pour les vacanciers ?
Chacun espère ne jamais avoir à les ingérer... Des comprimés d'iode stable en plaquette sont actuellement distribués gratuitement par mesure de précaution en Normandie. Cette campagne préfectorale, financée par EDF, s'adresse à toutes les personnes situées dans un rayon de 10 km autour des centrales nucléaires de Penly, Paluel et Flamanvillle.
#Prévention
— Préfet de Normandie et de la Seine-Maritime (@Prefet76) September 16, 2024
🔔 La campagne de distribution de comprimés d'iode commence.
📍 Elle concerne les habitants et établissements recevant du public situés à moins de 10 km des CNPE @EDFPenly et @EDF_Paluel.
⚕️ Ces comprimés sont importants pour vous protéger en cas de besoin.… pic.twitter.com/OcP6BajkbO
À quoi servent les pastilles ?
Les comprimés d'iode stable permettent de se prémunir en cas d'accident nucléaire et de rejet d'iode radioactif. Qu'il soit respiré ou avalé, l'iode radioactif rejeté peut se fixer sur la glande thyroïde, un organe essentiel à la régulation hormonale. Un phénomène qui accroît fortement le risque de cancer de la thyroïde chez les jeunes personnes et les femmes enceintes.
Une prise d'iode avant exposition protège la thyroïde en la saturant et en empêchant les iodes radioactifs de se concentrer dans la glande, réduisant ainsi le risque de cancer. En revanche, ces comprimés ne protègent pas contre les autres éléments radioactifs (le césium 134 ou le césium 137 par exemple).
Les comprimés d’iode stable (iodure de potassium) sont des médicaments fabriqués avec de l’iode comparable à celui qui se trouve dans la nature et dans l’alimentation (poisson, viande, fruit, lait…).
Où récupérer les plaquettes ?
Pour récupérer les plaquettes préventives, il vous suffit de vous rendre en pharmacie. Elles sont distribuées gratuitement dans les pharmacies partenaires de l'opération. Sur place, vous devrez justifier que votre lieu de résidence ou de travail se trouve dans un rayon de 10 km autour d'une centrale nucléaire.
Si vous êtes de passage dans la région au moment d'un incident nucléaire, vous pourrez vous référer au responsable de votre lieu d'hébergement, qui pourra vous fournir des pastilles. "Les établissements qui hébergent du public, typiquement un hôtel, sont concernés par cette campagne et devront aller chercher des comprimés pour être doté en cas de besoin", explique Stéphanie Petitjean, directrice de cabinet du préfet de la Manche.
Il est recommandé de renouveler vos plaquettes si ces dernières datent d'une campagne de distribution antérieure à 2016. Vous pouvez également déposer vos boîtes périmées en pharmacie.
Qui peut en prendre ?
La prise de comprimés s’adresse à toutes personnes mais en priorité aux nouveau-nés, enfants, personnes de moins de 18 ans et aux femmes enceintes et allaitantes. La posologie varie ensuite en fonction de l'âge de la personne.
L'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) recommande, pour des comprimés d’iodure de potassium dosés à 65 mg :
- À partir de 12 ans, adultes, y compris les femmes enceintes : 2 comprimés d’iode
- Enfant (de 3 ans à 12 ans) : 1 comprimé d’iode
- Bébé (de 1 mois à 3 ans) : un demi-comprimé d’iode
- Nouveau-né (jusqu’à 30 jours) : un quart de comprimé d’iode
Quand faut-il les utiliser ?
En cas d'accident nucléaire, il faut attendre le feu vert du préfet pour ingérer les comprimés. En effet, pour être efficace, l'iode stable doit être ingéré idéalement dans les heures précédant le passage des particules radioactives ou 8 heures après au plus tard.
Par ailleurs, la dose à prendre par habitant sera calculée au moment de l'accident, en fonction de l'exposition au panache radioactif. Toute nouvelle prise du traitement ne devra se faire que sur instructions des autorités compétentes.
En France, peu d'habitants se déplacent pour se procurer les comprimés préventifs le taux de récupération est "trop faible", selon Stéphanie Petitjean, directrice de cabinet du préfet de la Manche. Il atteint difficilement les 50% de distribution dans le département de la Manche, où une quinzaine de communes sont concernées.