Avec le Brexit, les belles Anglaises risquent de flamber

A Gouville-sur-Mer, dans le sud-Manche, Paul Ancelin importe depuis huit ans des voitures anglaises pour les revendre en France. Le Brexit risque de bouleverser la vie de son entreprise.

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Voilà huit ans maintenant que les amateurs de belles cylindrées peuvent trouver leur bonheur chez Paul's Classic Cars, à Gouville-sur-Mer, dans le sud-Manche. Le propriétaire des lieux n'est pas un citoyen de Sa Majesté mais connait bien les belles Anglaises. Il en a fait son "business". Mais si la "Perfide Albion" décide de faire cavalier seul, l'entrepreneur normand va devoir se mettre les mains dans le cambouis pour s'adapter.
 

Reportage de Nicolas Dalaudier et Joël Hamard

Avant d'être revendues en France, les voitures de collection, importées d'Angleterre, ont souvent besoin d'une petite révision. Nombre des modèles vendus par Paul's Classic cars ne sont pas de toute première jeunesse. Les mécanos de l'entreprise normande leur en donnent une seconde. Mais le lifting a un prix. "La tarification de la partie carburation d'une Austin Healey de 1963 est d'environs 1500 euros, la partie refroidissement radiateur de 400 à 500 euros, la partie allumage de 400 euros", détaille Guy Perron, le chef mécanicien. L'addition monte vite et pourrait monter encore plus vite d'ici quelques semaines pour ces pièces fabriquées outre-manche.
 

Une taxe de 5%

Outre le prix des pièces, c'est le coût global de l'importation d'un véhicule et les démarches administratives qui vont être considérablement alourdies. "Il faudra passer par un transitaire, donc il faudra faire dédouaner la voiture et faire un rapport d'expertise pour prouver que la voiture a plus de 30 ans", explique Anaïs Aliane, la secrétaire de l'entreprise, "Et on devra s'acquitter d'une taxe de 5% pour les véhicules de collection." Pour des voitures estimées entre 15 000 et plus de 150 000 euros, ces 5% vont peser lourd. Jusqu'à présent, l'importation d'un véhicule coûtait une soixantaine d'euros.

Pour le patron Paul Ancelin, le tableau n'est pas aussi sombre. Et le Brexit pourrait, en un sens, assainir le marché de la belle Anglaise. "Jusqu'ici, l'Angleterre était une plaque tournante pour les voitures, c'est à dire que les gens avaient tellement l'impression de faire de bonnes affaires en Angleterre, que les Anglais importaient de Belgique et même de France et ils revendaient ces voitures en Angleterre qui repartaient dans les pays où elles venaient d'être achetées. Donc, on peut penser que les gens vont être moins intéressés par acheter des voitures en Angleterre et que les prix vont tomber", estime le patron de Paul's classic cars.

Actuellement, l'entreprise normande importe environ 200 voitures, en majorité anglaises, chaque année. 70% arrivent des Etats-Unis, 30% de Grande-Bretagne. Paul Ancelin pourrait, à l'avenir, ne s'approvisionner qu'en Amérique.
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