"Cet outil doit vivre" le cri d'alerte des services d'urgence contre la suppression de l'unité mobile de télémédecine

L'unité mobile de télémédecine ne verra pas 2024 dans la Manche. Solution pour palier la désertification médicale et l'engorgement des urgences, elle a fait ses preuves depuis trois ans. Pourtant, elle va s'arrêter, faute de financement.

Dans la Manche, l'annonce de la suppression de l'unité mobile de télémédecine (UMT) est une dégradation certaine de la prise en charge des besoins médicaux urgents des habitants. Mise en place en 2020, au moment de la crise sanitaire du Covid-19, elle avait vocation à rayonner sur l'ensemble du département pour venir en aide à des personnes sans médecin traitant ou rencontrant des difficultés à se déplacer.

Plus de 2 000 patients pris en charge en 2023

S'il s'agit d'un coup dur pour l'offre de soins déjà fragile dans le secteur, elle est aussi vécue comme une terrible frustration par les personnels médicaux du département. "On a été les premiers à développer cette unité de télémédecine, qui depuis a été reprise dans d'autres départements", se félicite Thomas Delomas, directeur du Samu 50.

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L'unité mobile de télémédecine ne verra pas 2024 dans la Manche. Solution pour palier la désertification médicale et l'engorgement des urgences, elle a fait ses preuves depuis trois ans. Pourtant, elle va s'arrêter, faute de financement. Reportage : Ines De Pampelonne et Maëlenn Nicolas ©France Télévisions

En 2023, plus de 2 000 patients ont bénéficié du service. 80% d'entre eux ont pu rester chez eux grâce à l'UMT. Dans ce département rural, et vieillissant, la plupart des prises en charge concernaient des personnes âgées. 55% avaient plus de 75 ans selon les statistiques de la structure. 

"Sans elle, la seule alternative sera de transporter les patients vers les urgences, qui sont déjà saturées, avec toutes les difficultés qu'on connaît sur les transports sanitaires", se désole Thomas Delomas. 

On avait l'impression d'avoir bouché un trou dans la raquette, en rendant service à beaucoup de patients. Il faut qu'on trouve des solutions de financement parce qu'on est convaincu que cet outil doit vivre, doit être pérénisé et même développé.

Thomas Delomas

Directeur du SAMU 50

Si le service doit s'arrêter dans quelques jours, c'est que le financement ministériel, qui était d'emblée provisoire, s'est arrêté. Pointée du doigt, l'Agence Régionale de Santé de Normandie (ARS) se défend dans un communiqué, arguant que l'UMT était une expérimentation qui touchait à sa fin. "À l’issue de la première phase de subvention directe de l’ARS Normandie à cette expérimentation jusqu’en octobre 2022, le centre hospitalier de Saint-Lô a mis en place un marché pour le déploiement d’une solution d’unité mobile de télémédecine (UMT) ; l’ARS ne finançait alors plus le dispositif".

Alors que le service ne passera pas le réveillon de la Saint-Sylvestre, les praticiens du centre de régulation lancent un cri d'alerte. "On n'a pas d'autres solutions aujourd'hui. Il n'y a plus de médecins qui viennent s'installer, nos collègues libéraux sont déjà surchargés. Nous devons essayer de trouver des solutions alternatives de financement", imagine Thomas Delomas. Ces sources de pérennisation pourraient venir des collectivités locales ou d'autres organismes de l'Etat susceptibles de subventionner l'UMT, et de le sauver.

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