Témoignages : la deuxième vague de Covid-19, vue par les soignants de l’Hôpital Mémorial de Saint-Lo

Les urgences, l'unité covid, la réanimation, dans ces 3 services de l'hôpital, comment les soignants vivent-ils cette deuxième vague, eux qui voient affluer les patients en nombre ? Armés de courage et d'une forte volonté, ils tiennent bon mais appréhendent aussi, tant cet hiver s'annonce difficile.

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Service des urgences vers 10H : Trois patients arrivent en même temps dans l'unité Covid. L'infirmier Guillaume Douesnard s'habille. Masques, lunettes, charlottes, gants, surblouses, il doit s'équiper selon un ordre bien précis et répéter cette procédure, à chaque fois qu'il entre dans une chambre. 

"On a déjà cette habitude de s'habiller" rappelle-t-il "là, c'est l'ampleur, c'est le nombre de patients, le nombre de fois où l'on s'habille. Cela demande beaucoup plus de ressources humaines et de temps. Un électrocardiogramme par exemple, à chaque fois, qu'il rentre, il faut désinfecter l'appareil et les douze fils. Alors, on amène le matériel, étape par étape, quand c'est bien nécessaire".

"Je me suis détaché des Urgences pour venir aider mes collègues"


Mais tout ce protocole le rassure, Guillaume peut ainsi soigner et côtoyer le virus en toute sérenité. A peine remis de la première vague, il attaque la deuxième avec la même volonté. Mais cet épisode hivernal s'annonce long et plus difficile.

"On est fatigué" explique-t-il, "Notre hôpital a compris qu'on était fatigués. On a du renfort en interim depuis une dizaine de jours. Des gens, qui viennent nous aider tous les jours en secteur covid parce que naturellement c'est un secteur où on a une infirmière et une aide-soignante et clairement en cas de pandémie, il en faut deux. Là vous en voyez aujourd'hui un troisième : je me suis détaché des Urgences pour venir aider mes collègues parce qu'il y avait trop d'entrées".

Les cadres des urgences ont d'ailleurs fait le calcul, entre l'habillement et tout le matériel à désinfecter, il faut compter quatre fois plus de temps pour la prise en charge d'un patient atteint du Covid, soit en moyenne 5H35. Sans compter qu'il a fallu tout réorganiser pour éviter les risques de contamination. 

"Un patient qui va arriver pour une suspicion de Covid rentre par une entrée dédiée" explique Thomas Delomas, directeur médical du Samu 50, "il est pris en charge dans le secteur Covid et à aucun moment il ne va croiser le chemin d'un patient qui n'est pas suspecté d'être porteur de la maladie". Il rappelle ainsi que "tout le monde peut venir consulter en toute sécurité aux Urgences et on ne risque pas d'attraper le Covid aux Urgences".
 

Reportage P. Latrouitte C. Duponchel

"On ne sortait pas et nous avons été tous les deux contaminés par cette maladie sournoise"

Au 7ème étage de l'hôpital, en médecine spécialisée, les soignants prennent en charge des patients qui présentent des complications. C'est là que nous rencontrons Bernard, confronté au Covid et à sa réalité particulièrement violente. Cet habitant de Lessay sort bientôt ... et c'était inespéré, il y a encore trois semaines

"J'ai eu un mois d'octobre mauvais parce que ma femme a été prise du Covid et elle est décédée le 16 octobre et moi je suis arrivé ici le 17. Alors j'ai passé deux jours vraiment, honnêtement, très durs, parce que beaucoup de mal à respirer, pris totalement. Et puis en définitif, on se voit partir" explique Bernard Leclerc, patient de l'Unité.

Je pense que cette maladie, elle est sournoise, puisque moi j'étais avec ma femme, on était confinés. On ne sortait pas, on ne recevait personne et malgré tout, on a pris tous les deux la maladie.

Bernard, patient de l'Unité Covid


Bernard ne tarit pas d'éloges sur les équipes qui l'ont sauvé, de l'aide soignante au chef de service. Jérôme Fouchard, c'est son nom, se charge de définir plusieurs stratégies pour les semaines à venir, entre déprogrammation des interventions chirurgicales et partenariat avec des établissements publics ou privés.

Confronté à une pénurie de personnel, comme dans tous les hôpitaux du pays, il sait que tout repose sur le dévouement des soignants. "On fait face à des difficultés parce qu'on ne forme pas un médecin en trois mois et on ne forme pas une infirmière en trois mois non plus" rappelle ce chef du service de médecine spécialisée - unité covid, "même si ce constat-là a été fait sur la première vague, ce sont des choses qu'on ne peut pas réajuster comme ça en 3 ou 6 mois, il faut plusieurs années". 
 

Parmi les soignants, certains pensent à jeter l'éponge mais... après la pandémie

C'est d'autant plus vrai en réanimation, car cette spécialité exige une formation supplémentaire. Ici, la surveillance est constante. Les patients souffrent de détresse respiratoire et leur état peut très vite se dégrader. Justine Carteni, infirmière en réanimation, a vécu la première vague dans un hôpital parisien et cette expérience fut, pour elle, révélatrice.
 

Il y a besoin de prendre du recul avec tout çà. Après, la crise a besoin de nous donc on est là, mais dès que ça se ralentit, moi je m'en vais. Faire autre chose. Un poste de vendeuse m'attend.

Justine Carteni, infirmière en réanimation

Elle n'en dira pas plus mais on sent bien que les équipes de réa restent éprouvées. Cyril, médecin-réanimateur a, lui, été contaminé par le virus, au printemps dernier. Et il sait à quel point cette maladie reste insidieuse.  
 

Même si c'est une maladie dont les forme graves touchent plus les personnes âgées et les plus fragiles, la réalité c'est quand même qu'on a eu des sujets vraiment jeunes qui sont arrivés chez nous. Et finalement tout le personnel, tout le monde, on s'est un peu projetés, on s'est dit finalement, ça pourrait être moi dans ce lit-là.

 Cyril Marliot Médecin-réanimateur à l'hôpital Mémorial de Saint-Lô


Les deux prochaines semaines seront décisives. Les équipes de l'hôpital Mémorial de Saint-Lô comptent sur les effets du confinement et le respect des consignes sanitaires pour continuer à soigner, soulager et sauver des vies.
 
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