Après la première journée d'audience, des révélations espérées au procès de l'Affaire Karachi à Paris

Onze ouvriers de la DCN, originaires de Cherbourg, sont morts dans l'attentat de Karachi au Pakistan en 2002. Il s'agit de savoir aujourd'hui si cet attentat est bien lié à l'arrêt de rétrocommissions qui ont servi à financer la campagne d'Edouard Balladur en 1995. 

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"Il y a des gens qui racontent tout et n'importe quoi. Ils vont m'entendre", sourire au lèvre, le sulfureux homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine est arrivé au tribunal de Paris en lançant ces mots aux journalistes qui lui demandaient ce qu'il compte faire de ce procès. " Je vais tout dire, ça me fait plaisir, vraiment."
Son audition est prévue pour ce mardi 8 octobre, selon le planning prévisionnel de la cour. Le procès du volet financier de l'affaire Karachi va durer 3 semaines et sera très technique parfois puisqu'il s'agit d'épelucher des contrats vieux de 25 ans.

Ziad Takieddine et l'ex-directeur de campagne d'Édouard Balladur Nicolas Bazire sont accusés d'abus de biens sociaux ou de complicité et recel de ce délit, notamment au détriment de la branche internationale de la Direction des constructions navales (DCNI).

 
Au total trois politiques, un industriel et deux intermédiaires sont jugés au tribunal correctionnel de Paris, pour des soupçons de commissions occultes en marge de la campagne présidentielle malheureuse d'Édouard Balladur, en 1995.

Tous sont présents, à l'exception de l'intermédiaire Abdul Rahman Al Assir, Espagnol d'origine libanaise, résidant en Suisse.
  

Début des interrogatoires ce mardi 8 octobre, deuxième jour du procès 

La présidente Christine Mée a consacré cette première journée à la présentation de l'affaire. Les interrogatoires débuteront donc ce mardi 8 octobre, au deuxième jour de procès. 

 
Au coeur du dossier: des soupçons de rétrocommissions sur des sommes réglées à des intermédiaires, le "réseau K", en marge de plusieurs contrats passés en 1994, pour la vente de frégates à l'Arabie saoudite (contrat Sawari II) et de sous-marins au Pakistan (Agosta).

Si le versement de pots-de-vin à des agents étrangers était alors la règle à l'international,les rétrocommissions étaient elles proscrites.
 
Après des années d'enquête, les juges d'instruction ont estimé que 327 millions d'euros de commissions sur des contrats d'armement, légales mais "indues" et "exorbitantes", avaient été versées à différents intermédiaires.

Pour les magistrats, ces commissions, dont notamment plus de 30 millions versés au "réseau K" (pour King, allusion au roi d'Arabie) pour le seul contrat Agosta, avaient en outre donné lieu à des rétrocommissions de plusieurs millions, dont une partie se serait retrouvée sur les comptes de campagne d'Édouard Balladur.
    
Pour l'accusation, ce financement occulte intervenait dans un contexte très particulier: celui de la lutte fratricide qui opposait alors au sein de la droite française le Premier ministre sortant, sans appareil, au maire de Paris Jacques Chirac, qui avait lui le soutien du RPR.

L'affaire prend sa source dans l'enquête sur l'attentat de Karachi.
    

Les familles attendent de savoir s'il y a bien un lien entre l'arrêt des versements et l'attentat


Le 8 mai 2002, une voiture piégée précipitée contre un bus transportant des salariés de la DCNI coûtait la vie à 15 personnes dont 11 Français ( de Cherbourg) travaillant à la construction des sous-marins dans le port pakistanais de Karachi. L'enquête, qui avait au départ privilégié la piste terroriste, s'en était éloignée en 2009 pour explorer les possibles liens, non confirmés à ce jour, entre l'attaque et l'arrêt du versement des commissions après la victoire de Jacques Chirac à la présidentielle de 1995.
  

Vidéo France 3 Normandie- Arrivée ce 7 octobre 2019 des protagonistes de l'affaire Karachi au tribunal de Paris pour le premier jour d'un procès très technique qui va durer 3 semaines :


On nous a mis des bâtons dans les roues depuis le début. On nous a caché des documents. Entraves, obstructions, etc. On s'aperçoit dans ce dossier que les agendas  de Monsieur Balladur entre 1993 et 1995 ont par exemple disparu. Tout a été fait pour nous décourager, pour ne pas mettre en lumière les meurs politique délétères (Sandrine Leclerc, porte parole du collectif des victimes de l'attentat )  

 

Reportage Stéphanie Potay- Carole Lefrançois
 

Les comptes de campagne de l'ex-Premier ministre avaient été validés par le Conseil constitutionnel. Ce n'est que quinze ans plus tard qu'il a été rattrapé par des investigations lancées dans le sillage du dossier terroriste, après une plainte des familles des victimes de l'attentat.


 
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