Parmi les opposants au projet de réforme des retraites, les avocats qui en sont à leur septième semaine de grève dure. A Cherbourg, ils ont proposé ce jeudi sur le marché des consultations gratuites pour sensibiliser leurs concitoyens.
Leur colère est aussi noire que leur robe. "Nous avons entamé la septième semaine consécutive de grève avec une grève dure", explique Christophe Loison, le bâtonnier de Cherbourg. Une grève dure des avocats c'est : "le renvoi de tous nos dossiers, des audiences civiles, pénales, commerciales, sociales, prud'homales et une suspension de toutes les désignations et commissions d'office, on n'assiste à aucune permanence." Une justice quasiment à l'arrêt, en somme.
Ce jeudi 20 février, nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle, les robes noires cherbourgeoises sont dans la rue, non pour défiler mais pour sensibiliser. Le barreau de Cherbourg a installé un stand au milieu des étals sur le marché. "Pour la septième semaine, on voulait communiquer autrement." Après avoir multiplié les coups d'éclat et de colère, les avocats du nord-Cotentin ont voulu aller à la rencontre de la population, à la rencontre des justiciables. Au programme : expliquer les raisons de leur mobilisation mais aussi proposer des consultations gratuites. "Malgré la grève, on est toujours présent, on est toujours là pour conseiller les gens, les rassurer, les accompagner", plaide Christophe Loison.
"Un tiers des cabinet pourrait disparaître"
Si les avocats sont vent debout contre le projet de réforme, c'est que jusqu'à présent ils disposaient de leur propre régime de retraite autonome, "un régime qui fonctionne, qui ne demande rien à personne, qui, au contraire, abonde tous les ans au régime général", comme le rappelait en janvier dernier Gaël Balavoine, le bâtonnier de Caen. Avec le système universel, les avocats vont voir leurs cotisations augmenter de façon importante. "On estime qu'entre un quart et un tiers des cabinets pourrait disparaître sur Cherbourg", afirme Christophe Loison, "La hausse des cotisations ne pourra pas être supportable pour l'ensemble de nos cabinets, notamment pour les petits, ceux qui font de l'aide juridictionnelle ou des permanences pénales."Car c'est l'autre point de la ligne de défense des avocats : les justiciables, surtout les plus modestes, vont subir de plein fouet ce projet de réforme des retraites. "En matière d'aide juridctionnelle, sur une correctionnelle par exemple, on tocuhe autour de 240 euros hors taxe, quel que soit le temps qu'on y passe, que ce soit un vol de vélo, un trafic de stupéfiant ou une affaire d'agression sexuelle", indique le bâtonnier de Cherbourg, "À un moment donné, compte tenu du nombre d'audiences, de rendez-vous au cabinet, ce n'est pas rentable et on préèrera avoir moins d'activité mais des activités plus rémunératrices. Ces personnes là auront des vraies difficultés à accéder au droit."