Ils fabriquaient de faux médicaments "miracles" près de Cherbourg : cinq Britanniques condamnés par la Justice

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné cinq citoyens britanniques à des peines de prison pour avoir vendu sur internet de faux médicaments. La fabrication et le conditionnement des produits étaient réalisés dans le Cotentin.

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Des produits "miracle" censés guérir cancers, autisme, maladies d'Alzheimer, diabète, sida, Parkinson, Lyme, Crohn, sclérose en plaques, herpès ou encore eczéma. Des doses de 2,2 ml vendues entre 450 et 600 euros. Le trafic de ce fervent partisan du Brexit aurait rapporté plus de 11 millions d'euros. Ironie de l'histoire, David Noakes avait choisi la France et plus particulièrement le Cotentin pour y mener ses affaires. 

Le 20 février 2017, les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) mais également ceux du groupement de la Manche mènent une opération de grande envergure dans trois laboratoires clandestins, dont un situé à Digosville. Plusieurs produits sont saisis ainsi que la somme de 320 000 euros. Deux citoyens britanniques sont interpellés. Le lendemain, ce sont les autorités judiciaires anglaises qui arrêtent, sur l'île anglo-normandes de Guernesey, deux personnes travaillant pour la société Immuno Biotech.

Cette dernière a vu son produit phare, le GcMAF (pour "GC protein derived macrophage activating factor"), interdit par l'agence du médicament britannique en 2015 à la suite de plusieurs décès. Le médicament "miracle" continue pourtant à se vendre sur internet dans pas moins d'une cinquantaine de pays. En décembre 2015, l'agence britannique de régulation du médicament (MHRA) informe son homologue français qu'un trafic est organisé à partir du Cotentin. C'est là que la fabrication et le conditionnement des produits incriminés est réalisé.

Trump, Poutine et le Brexit

A la tête de Immuno Biotech : David Noakes, âgé aujourd'hui de 68 ans. Cet ancien consultant en informatique se considère comme ultra libéral et rejette tout contrôle européen ou étatique sur ses activités. Il considère être persécuté par "Big Pharma". L'homme, partisan de Donald Trump et Vladimir Poutine, a été candidat de l'UKIP, le parti politique britannique réclamant le Brexit. Il a été interpellé en juin 2020 avant d'être incarcéré en France.

Au tribunal correctionnel de Paris, il est seul dans le box des accusés : ses quatre complices ont comparu libres ou vivent hors de France. Aucun des protagonistes de ce dossier n'est médecin ou ne peut se targuer d'une formation scientifique sérieuse.

Une "absence totale de scrupules"

Lors de ses auditions par la Justice, David Noakes a expliqué que les produits n'avaient pas de notice parce qu'il n'y connaissait rien. Il a soutenu avoir lui-même été guéri de plusieurs pathologies grâce à ces molécules. Pressé par les enquêteurs de préciser quelles maladies avaient été soignées, il avait indiqué que le GcMAF l'avait guéri d'un problème d'extension du doigt, d'allergie au pollen et d'arthrite.

A la lecture du jugement par la présidente, le prévenu aux épais cheveux longs et gris, les mains dans les poches de son jeans, éructe en anglais et marche de long en large l'air agacé. Le tribunal dénonce son "absence totale de scrupules" et le condamne à 4 ans de prison et une amende de 20 000 euros. Ses complices, dont deux femmes, ont récolté des peines allant de six mois à trois ans avec sursis.

 

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