Les Maisons de l'emploi, créées en 2005 par Jean-Louis Borloo, se voulaient "un guichet unique" pour les personnes sans emploi. Le gouvernement estiment qu'elles doublonnent avec Pôle Emploi et réduit drastiquement leurs crédits.
C'est l'une des Maisons de l'emploi et de la formation (MEF) les plus importantes de France. L'an dernier, cette structure implantée à Cherbourg a accompagné 4800 personnes en recherche d'emploi. En France, on en recense 116. Ce dispositif, lancé par Jean-Louis Borloo en 2005, alors ministre de l’emploi, du travail et de la cohésion sociale, se veut en quelque sorte un "guichet unique" pour les chômeurs, un lieu coordonnant et fédérant les différents acteurs, publics et privés, du marché de l'emploi.
Mais les jours de ces structures sont peut être comptés. Si les Maisons de l'Emploi et de la formation sont placées sous la responsabilité des collectivités territoriales, elles tirent une large partie de leur financement des subventions de l'Etat. Or, ces dernières vont drastiquement baisser. Le gouvernement a décidé de les réduire de moitié en 2018, de 21 M€ à 10,5 M€, avant de les supprimer en 2019.
A Cherbourg, la Maison de l'Emploi et de la Formation estime ainsi qu'elle va perdre un quart de son budget d'ici deux ans. Son service dédié aux entreprises pourrait disparaître malgré son efficacité reconnue. "On a déjà eu une évaluation il y a deux ans, où on sélectionnait les meilleures Maisons de l'emploi, on en a fait partie et on nous reproche encore de faire doublon", explique Charline Saussaye, chargée de mission diversité et cohésion sociale. Car au-delà des contraintes budgétaires, c'est aussi l'argument du "doublon" avec Pôle Emploi qui est invoqué pour justifier cette baisse/suppression de crédits.
A Cherbourg, on préfère parler de complémentarité. "On a moins de personnes à suivre qu'un conseiller Pôle Emploi, on a plus de temps pour les recevoir, on aussi des actions qui sont financées tous les ans pour nos bénéficiaires, qu'on peut leur proposer en fonction de leurs besoins et de leurs demandes", souligne Karine, conseillère à la MEF du Cotentin. Bref, un accompagnement qui ferait plus dans le "sur-mesure" et serait plus adapté aux réalités locales du marché de l'emploi. Des arguments qu'elle fait valoir dans une pétition lancé il y a quelques jours sur internet.
Au delà du Cotentin, c'est dans toute la France que s'élève un vent de fronde pour sauver les Maison de l'Emploi. A l'Assemblée, des amendements déposés par des élus de droite et de gauche tentent de préserver leur financement. 26 maires de grandes villes, là encore de part et d'autre de l'échiquier politique (Martine Aubry, alain Juppé mais aussi l'ancien socialiste François Rebsamen, désormais étiqueté LREM), ont cosigné une lettre adressée au président de la République pour lui demander de revenir sur les choix du gouvernement concernant l'avenir de ces structures.
Reportage de Sylvain Rouil et Morgane Tregouet
Intervenantes:
- Karine, conseillère à la MEF du Cotentin
- Charline Saussaye, chargée de mission diversité et cohésion sociale
- Claudie Launoy, présidente de la MEF du Cotentin