A bord du RollDock Storm, le sous-marin nucléaire d'attaque Perle est arrivé vendredi 18 décembre à Cherbourg pour y être réparé. Le 2 juin, un incendie s'était déclaré à bord lors d'une révision à Toulon. Le chantier, réalisé par Naval Group, va mobiliser 300 personnes durant six mois.
Le RollDock Storm, avec à son bord le sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) Perle, a franchi les passes de la rade le vendredi 18 décembre à 14h40 pour accoster au port des Flamands de Cherbourg-en-Cotentin à 15h20, après 8 jours de transit.
Un retour à la mer est prévu au "premier semestre 2023", selon l'ingénieur général de l'armement Guillaume de Garidel-Thoron.
Six mois après le sinistre qui a gravement endommagé le sous-marin alors qu'il se trouvait en rénovation à Toulon, La Perle a embarqué lundi sur un navire semi-submersible qui a appareillé ce jeudi matin pour Cherbourg, selon la préfecture maritime de la Méditerranée.
Les doutes sur la réparation de la Perle levés fin octobre
On savait déjà que la Perle devait effectuer sa convalescence à Cherbourg. Mais on ne savait pas s'il allait s'en sortir. Le 12 juin dernier, ce sous-marin nucléaire, alors en révision à Toulon, était fortement endommagé par un incendie. A la fin du mois de septembre, la conclusion d'une expertise était attendue pour savoir s'il pouvait être réparé. Ce jeudi 22 octobre, en marge du salon Euronaval online, la ministre des armées a mis fin au suspense. "Nous pouvons réparer la Perle et nous allons la réparer", a ainsi déclaré Florence Parly.
A présent, le plus dur commence. En effet, le chantier relève du Meccano géant et du jeu de taquin pour ne pas empiéter sur l'entrée en service très attendue de la prochaine génération de sous-marins nucléaires d'attaque (SNA), les Barracuda, dont la tête de série, le Suffren, doit être admis au service actif mi-2021.
La Perle a été gravement endommagée par un incendie le 12 juin alors qu'elle se trouvait en rénovation à Toulon. Le sous-marin était alors vidé de ses armes, équipements électroniques et combustible nucléaire mais le feu a endommagé la "coque épaisse" du bâtiment, un alliage épais de plusieurs centimètres et très élastique qui permet au bâtiment de résister à la pression des profondeurs.
Des parties de deux sous-marins soudées ensemble
La réparation de la portion endommagée impose le remplacement de tout un tronçon de la coque. Elle va donc se faire "par hybridation avec l'avant du SNA Saphir", selon Naval Group, qui sera chargé des travaux. Autrement dit, "nous allons souder l'arrière de la Perle avec l'avant du Saphir", un sous-marin de la même classe désarmé en 2019, a détaillé Mme Parly. Ce type de travaux avait déjà été effectué par Naval Group, notamment pour ajouter un nouveau mode de propulsion aux sous-marins Agosta vendus au Pakistan.
Quelque 130 câbles électriques et 70 tuyaux devront également être connectés, une opération déjà modélisée sur informatique, a fait valoir le cabinet de la ministre. Pour les réparations, la Perle va être convoyée d'ici la fin de l'année sur une barge semi-submersible à Cherbourg, où sont construits et désarmés les sous-marins français. Le chantier de réparation devrait mobiliser 300 personnes et durer six mois.
Ce procédé est exactement le même que pour construire les sous-marins neufs. C'est pour cette raison que l'on va le faire à Cherbourg (chez Naval Group) ils ont les compétences et l'outil industriel pour le faire. La Perle ne viendra occuper le bassin que très peu de temps.
Attention à l'embouteillage de sous-marins en construction
L'opération doit s'effectuer "pour la mi-2021, sinon il y aura un problème", explique le porte-parole de la Marine, le capitaine de vaisseau Eric Lavault. Il faut en effet libérer l'espace pour le deuxième sous-marin de classe Barracuda, le Duguay-Trouin, actuellement en construction à Cherbourg et qui doit entrer en service en 2023.
Une fois la "greffe" effectuée, le sous-marin repartira par le même biais à Toulon où "il achèvera son entretien majeur au point où il avait été interrompu", selon la ministre. La Perle devrait à nouveau être opérationnelle "à l'horizon mai-juin 2023", selon son cabinet.
Les réparations "sont compatibles avec les contraintes du programme Barracuda et les ressources dédiées au programme Barracuda sont préservées", assure Naval Group. Le coût des réparations devrait s'élever à 70 millions d'euros pour les Armées, auxquels devraient s'ajouter 50 millions pris en charge par l'assurance souscrite par Naval Group. "Une bonne surprise" selon le cabinet de Florence Parly, qui craignait une opération plus onéreuse.
Plus que quatre sous-marins opérationnels
Pour la Marine, l'incendie de la Perle est un coup dur qui a vu fondre son parc de sous-marins d'attaque. Ceux-ci contribuent à la dissuasion nucléaire en escortant les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) mais aussi le porte-avions. Ils sont également chargés de glaner discrètement du renseignement au plus près des côtes. Avec le Saphir et la Perle en moins, elle ne dispose en effet plus que de 4 SNA, contre six prévus dans le contrat opérationnel.
Et si le Suffren doit entrer en service l'an prochain, le Rubis, le plus ancien sous-marin de la classe des Saphir et Perle, va voir une nouvelle fois sa vie prolonger pour combler le trou de capacité opérationnel. Entré en service en 1983, sa durée de vie avait été prolongée une première fois pour compenser le retard pris sur le programme Barracuda. Et en 2021, il subira un nouvel arrêt technique de plusieurs mois pour rester opérationnel jusqu'à fin 2022, selon le capitaine de vaisseau Lavault.
Selon la ministre, la décision de réparer la Perle "permet à la Marine nationale de conserver sa pleine capacité de sous-marins nucléaires d'attaque pour les dix ans à venir".
La Perle devrait pouvoir reprendre la mer au "premier semestre 2023", selon l'ingénieur général de l'armement.