Thomas Dutheil, un sapeur-pompier normand sur le toit du monde

En mai 2019, Thomas Dutheil, sapeur-pompier de Cherbourg, a gravi l'Everest, le plus haut sommet du monde. C Sports vous raconte cette formidable et périlleuse aventure.

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"Chaque personne qui est présente sur l'Everest, c'est une situation différente. Il y a des gens qui peuvent être malades, qui viennent un peu chercher ici une sorte de réconciliation avec la vie, il y a des gens qui viennent purement professionnellement, parce que ce sont des guides, des sportifs de l'extrême. Moi, j'étais venu un petit peu chercher l'aventure insolite mais aussi pour exprimer qu'on avait tous le droit d'avoir des rêves, des projets et que c'est pas parce que c'est inacessible, c'est pas parce qu'on vient du niveau de la mer qu'on a pas le droit d'aller tout là-haut."
 
Thomas Dutheil est né à Granville. Il exerce le métier de sapeur-pompier à Cherbourg-en-Cotentin. Le 23 mai dernier, le jeune homme de 24 ans a exaucé son rêve : se hisser sur le toit du monde, le mythique Everest culminant à 8848 mètres. L'aboutissement d'un projet de près de deux ans, le temps de trouver des partenaires pour boucler son budget (33 000 euros) et de préparer son corps à cette expédition éprouvante tant physiquement que nerveusement. Car de nombreux candidats à l'ascension du "sommet des dieux" se sont brûlés les ailes. En milieu d'année, on recensait déjà onze morts sur l'Everest. Les cadavres figés dans la glace qu'a pu croiser sur sa route Thomas Dutheil lui rappelait combien l'être humain fragile face à cette nature hostile.

L’Everest ne se fait pas en un jour. A la fin du mois d’avril, Thomas Dutheil s’est établi au camp de base, un village de toiles perché à 5000 mètres d’altitude. Pendant près d’un mois, l’expédition a lentement gravi le massif afin d’habituer le corps au manque d’oxygène. "Cette phase d'acclimatation prépare notre corps à subir le changement de pression, à l'hypoxie, sans cette acclimatation, on court à l'échec de l'expédition ou plus sévèrement la mort." Cette première "étape" permet également de souder la cordée. Dans son aventure, le pompier cherbourgeois n'était pas seul. Deux guides et une alpiniste japonaise l'accompagnaient.

La montagne nous donne des leçons d'humilité"


Si l'aventure n'est pas solitaire, elle revêt toutefois une dimension intérieure. "Il ya tout un temps de réflexion parce qu'on marche pendant des heures, et on ne peut se parler qu'à soi-même. Moi, je fais un peu le bilan sur tout ce que j'ai entrepris, je pense beaucoup à des situations de ma vie, des conflits que j'ai pu avoir avec des personnes en me disant : c'est nul. Je pense que la montagne nous donne des leçons d'humilité. On est des toutes petites fourmis sur le flanc de la montagne." Celle-ci ne manque d'ailleurs pas de leur rappeler à plusieurs reprises, comme quand un bloc de glace cède soudainement derrière eux.

La nature chercherait-elle à se venger ? Arrivé au camp IV, à 7906 mètres, dernière étape avant d'arriver à destination, Thomas Dutheil a découvert un triste spectacle. "C'est un camp qui est très très sale, un camp qui est pollué par les expéditions qu'il y a eu pendant des années et les expéditions en cours, on y voit des tentes qui sont laissées à l'abandon, on y voit des déchets, des bouteilles d'oxygène, des cartouches de gaz, c'est assez choquant." Si la haute montagne peut révèler le meilleur de l'être humain, elle peut aussi renvoyer son côté sombre.
 

La zone de la mort

Puis, vient l'heure d'accomplir l'ascension finale. "Quand on part, je vois un sherpa, que j'ai toujours connu très serein, qui me regarde avec des yeux et une voix tremblante en vérifiant le matériel de tout le monde. Je me dis que tout va bien. Mais que le plus dur est encore à venir." Au-delà de 8000 mètres d’altitude, la cordée entre dans la zone de la mort. L’être humain n’est pas le bienvenu. La moindre erreur est souvent fatale. Les grimpeurs tâchent de ne pas croiser le regard des cadavres figés dans la glace, parfois depuis des années. Arrivés au sommet, ils peuvent enfin laisser éclater leur joie.
 

Pour Thomas Dutheil, voyage rime avec partage. Avec l'Oeuvre des Pupilles Orphelins de Sapeurs-Pompiers tout d'abord, pour qui il a collecté 4000 euros de dons à travers ce "projet Everest". Avec le public ensuite, à travers une série de conférences-projections organisées depuis son retour en France pour raconter son voyage, le Népal et ses habitants. Si cette aventure a sans nul doute marqué à vie le jeune Normand, ce dernier nourrit déjà d'autres rêves. Sa prochaine expédition pourrait le mener très au sud du globe.

 
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