La réforme de la carte judiciaire figure parmi les cinq chantiers prioritaires définis par la garde des sceaux et suscite de nombreuses inquiétudes. Certains tribunaux, comme celui de Cherbourg, craignent un "déclassement".
Le 26 janvier dernier, près de 200 avocats étaient rassemblés à l'appel du barreau de Caen devant le palais de justice de la ville au nom de "la justice de proximité". Quatre jours plus tard leurs homologues rouennais manifestaient à leur tour contre le projet de réforme de la carte territoriale. Pour les deux anciennes capitales des deux Normandie, il s'agit de ne pas perdre en influence. L'enjeu: devenir la future "capitale" judiciaire de la grande région. Mais cette future carte n'inquiète pas que les "gros".
Dans les villes plus modestes, elle suscite également beaucoup d'inquiétude. Ici pas d'enjeu de pouvoir mais la crainte d'un déclassement. La réforme envisage de ne conserver qu'un seul tribunal de grande instance par département. Dans l'ex Basse-Normandie, Argentan, Lisieux et Cherbourg se verraient en quelque sorte "déclassés" en perdant une partie de leurs compétences. Les justiciables du nord-Cotentin devraient alors se rendre à Coutances. Pour les avocats cherbourgeois, une telle mesure mettrait à mal la justice de proximité.
Politiques et acteurs du monde judiciaire militent donc pour une exception "cherbourgeoise". L'étude du ministère de la justice prévoit en effet des cas particuliers. Les Cherbourgeois mettent en avant la situation excentrée du Cotentin et les 180 000 habitants de l'agglomération. Le projet de nouvelle prison, acté en début, constitue également à leur sens un argument de poids.
Après s'être fendu d'un courrier, le maire de Cherbourg-en-Cotentin sera reçu prochainement au ministère de la justice. Il compte défendre le maintien de deux tribunaux de grande instance dans la Manche.
Reportage de Sylvain Rouil et Jean-Michel Guillaud
Intervenants:
- Maître Caroline Bot, bâtonnier du barreau de Cherbourg
- Benoît Arrivé, maire (PS) de Cherbourg-en-Cotentin