C'est un retour gagnant pour le deuxième du dernier Vendée Globe, Charlie Dalin. À bord d'Apivia, le Havrais et son co-skipper Paul Meilhat ont été les premiers des Imocas à franchir la ligne d'arrivée à Cherbourg ce mercredi 11 août à 5h27. Interview...
Il aura fallu 2 jours, 17h et 2 minutes au tandem Charlie Dalin - Paul Meilha, sur Apivia, pour rejoindre les côtes françaises depuis l'Angleterre et remporter la 49e Fastnet à la voile dans la catégorie Imoca, celle du Vendée Globe. C'est la deuxième victoire consécutive pour le Normand, que plus rien ne semble pouvoir arrêter.
Charlie et Paul remportent la @RolexFastnet_Ch dans la catégorie IMOCA ! ??
— Apivia Voile - Charlie Dalin (@ApiviaVoile) August 11, 2021
Ce matin à 5h27, les skippers d'APIVIA ont franchi la ligne d’arrivée à Cherbourg après avoir mené la course pendant 2j, 17h et 2min.
Quel binôme, quelle course et quel bateau ! Félicitations ! ? pic.twitter.com/OENwi2x1hE
350 bateaux et 2.300 skippers amateurs et professionnels ont pris part à cette 49e édition de la Rolex Fastnet, la première depuis 1925 à se terminer en France. La Rolex Fastnet est une course mythique qui a pris le nom du célèbre rocher irlandais, un des symboles de la Mer Celtique que les skippers concurrents doivent contourner avant de remettre le cap vers la Manche et, avec un tracé inédit cette année, la ville d'arrivée Cherbourg-en-Cotentin pour arrivée. Dans les prochaines heures sont attendus le reste de la flotte des IMOCA, mais aussi les Class 40 et les IRC.
Revenu à quai, nous avons pu interviewer Charlie Dalin qui nous a livré ses impressions sur cette Fastnet 2021, son duo avec Paul Meilhat et déjà un prochain objectif en tête avec le grand rendez-vous nautique de la fin d'année : la Transat Jacques Vabre, dont le départ sera donné le dimanche 7 novembre 2021 au Havre, à destination de la Martinique.
- Qu'est-ce que cette victoire sur la Fastnet 2021 représente pour toi et comment as-tu fait la différence avec les autres concurrents de la classe Imoca ?
Charlie Dalin : N'importe quel marin rêve d'ajouter la Fastnet à son palmarès. C'est ma deuxième victoire et c'est une course que je connais depuis longtemps. C'est une course qui a une grosse histoire. Et puis c'est une course que je suis depuis tout petit, qui est très connue, très populaire. L'ajouter une nouvelle fois à mon palmarès, c'est super. (Charlie Dalin a déjà remporté la Fastnet dans la catégorie Figaro en 2013, c'était alors sa première participation, NDLR).
Pour cette victoire, il y a différents facteurs qui ont joué, comme souvent : ce sont déjà les performances d'Apivia qui ont l'air bonnes dans ces conditions. Ce sont des conditions météo plutôt en notre faveur entre les changements de directions de vent et les courants... c'est un vrai mix de tout ça. Et puis avec Paul (Meilhat) ça a très bien fonctionné. C'était la première fois que je naviguais avec lui en co-skipper. Ça a été très fluide sur les décisions stratégiques, sur les manoeuvres, sur les relais...
- Justement, c'était votre première course dans le même bateau, quelles ont été les sensations sur Apivia en duo avec Paul ?
C'est assez agréable de naviguer à deux, ça permet d'aller beaucoup plus vite sur des tâches comme le matossage, quand on déplace tout le matériel du bateau pour l'équilibrer, quand on déplace les voiles, ça va pas deux mais quatre fois plus vite pratiquement ! C'est une rapidité et une facilité de manoeuvre indéniables.
Et puis Paul est un marin qui est habitué aux solitaires et aussi aux doubles, ç'a été fluide du début à la fin. Paul apporte beaucoup d'énergie, qui est un compétiteur aussi. Il sait aller vite, il est capable de tenir un rythme élevé. C'est intéressant aussi de se confronter au niveau stratégique avec lui, on se comprend, on parle le même langage.
On a fait beaucoup d'essais depuis le Vendée Globe, on a beaucoup navigué, on est parti en mer de nombreuses fois 24 à 36 heures, mais on ne savait pas si ce qu'on faisait allait être bien. Mais se confronter et retrouver la flotte des Imocas en conditions réelles de course, ça m'a permis de valider pas mal de choses.
- Beaucoup disent que cette Rolex Fastnet Race était un vrai test grandeur nature à 3 mois de la Transat Jacques Vabre, c'était le cas pour Apivia ?
Évidemment c'est une course qui nous sert d'entraînement pour la Transat Jacques Vabre qui part aussi dans la Manche, on va trouver pas mal de point commun avec le début de la Transat. On a pu valider avec Paul des choses, des fonctionnements un peu plus sous pression avec des concurrents autour. Le bateau est déjà en route pour Concarneau parce qu'on doit le sortir de l'eau pour faire le chantier d'été : on va enlever le mât, les foils, la quille, les safrans et faire une révision et quelques modifications avant de le remettre à l'eau fin août /début septembre. On va avoir ensuite beaucoup d'entraînement au Pôle Finistère course au large avec d'autres concurrents qui vont faire la Transat Jacques Vabre dont le départ va arriver très très vite.
- Une arrivée à Cherbourg, toi qui l'emportes en Imoca et Alexis Loison actuellement en tête de la catégorie IRC (à l'heure où nous écrivons ces lignes), cette Fasnet, c'est un peu la Normandie en fête ?
C'est vrai ! Il y a beaucoup de talents en Normandie, il n'y en a pas qu'en Bretagne ! (rires) C'est une terre qui est propice à la navigation. J'ai fait beaucoup d'entraînements à Cherbourg quand je faisais du 420 à l'époque, la grande rade c'est un endroit super pour naviguer en dériveur. Mais oui, la Normandie est une terre qui produit de très bons marins !