"On a enfin des règles du jeu" : à Montmartin-sur-mer, les bénévoles se mettent au travail pour faire vivre leur festival. Cette année, il faudra donc être assis (et sans doute masqué...) "On va inventer quelque chose pour retrouver l'esprit de Chauffer". Rendez-vous du 16 au 18 juillet.
"Le côte positif, c'est qu'on ne pensait pas que la ministre nous en dirait autant..." Le coordinateur de Chauffer dans la Noirceur reconnaît à Roselyne Bachelot le mérite d'avoir donné un cap : les festival d'été seront limités à 5000 spectateurs, assis et masqués. "Chacun est maintenant libre d'y aller ou pas. Il y a encore beaucoup d'inconnues, mais au moins, on a une base", ajoute Isiah Morice avec un certain soulagement.
À Montmartin-sur-mer, la question est tranchée : Chauffer dans la Noirceur aura lieu quoiqu'il advienne.
On a une mission. C'est de l'ordre de l'intérêt général. La crise sanitaire est aussi une crise psychologique. Il y a un besoin de culture. la culture doit exister"
"Sans un apport d'argent public, le festival ne sera pas viable"
Il reste que les recommandations du ministère soulèvent bien des questions. Le festival Chauffer dans la Noirceur n'est pas vraiment concerné par la jauge de 5000 spectateurs. Le site est prévu pour en accueillir 4500. Mais comment asseoir tout le monde ? "Il faut compter 15 euros hors taxes par place assise. Si on loue des gradins, cela fait déjà 70 000 euros pour 5000 places. Si on nous impose la distanciation avec une place sur deux occupée, la note va monter à 140 000 euros".
L'arithmétique est têtue. Le festival est déjà serré dans son budget de 650 000 euros avec des frais fixes de 160 000 euros. Personne ne sait encore amortir ces coûts supplémentaires attendus. "Nous avons aussi des doutes sur le fonctionnement normal des bars et la restauration qui représentent un tiers de nos recettes..." En 2020, les aides de l'État et des collectivités ont permis de supporter le coût de l'annulation. "On est encore vivant grâce à ce soutien. Cette année, il faut déjà se dire que sans aides publiques, le festival ne sera pas viable".
"Faites-nous confiance : nous allons inventer quelque chose"
L'installation de gradins, les places assises et le port du masque ne semblent guère cadrer avec l'esprit des lieux. Isiah Morice le reconnaît : "j'ai encore un peu de mal à me projeter". Chauffer dans la Noirceur est déjà une délicieuse alternative dans le paysage français des festivals, peut-être parce qu'il a conservé un peu de l'âme des pionniers.
Le bricolage, la débrouille et l'enthousiasme tiennent souvent lieu de marketing. Le camping dans les dunes, l'ambiance bohème, les débats, les bains de mer entre deux concert, le mélange des musiques et des publics font tout le charme de cette parenthèse estivale. "Je vous demande de nous faire confiance. Nous n'allons pas proposer qu'un spectacle assis. On va inventer quelque chose pour retrouver l'essprit de Chauffer."