Les neuf boulangeries artisanales de Coutances (Manche) se sont mises d'accord pour fermer leur boutique une journée de plus par semaine. Un moyen de réduire leurs dépenses électriques, d'attirer de nouveaux employés et de profiter de plus de repos sans forcément perdre de clients.
Voilà 25 ans qu'Alexandra et Jean-Michel Bellamy n'avaient qu'une seule journée de repos par semaine. Mais, depuis le 1er septembre, les deux gérants de la boulangerie Le Chant du pain de Coutances (Manche) vont désormais fermer leur commerce deux jours sur sept.
Une initiative partagée par les neuf boulangeries de la commune normande et motivée par plusieurs facteurs, notamment économiques.
"En février dernier, on s'attendait à une facture électrique de 3 000 euros. On s'est retrouvé avec un montant de presque 10 000 euros. Et depuis les factures sont toutes multipliées par deux. On a été obligé d'augmenter notre marchandise pour payer les factures. En fermant une journée de plus, on va économiser au niveau de l'énergie et surtout de l'électricité" raconte Jean-Michel Bellamy qui se félicite de la solidarité qui s'est mise en place entre les boulangers de Coutances.
En fermant tous deux jours par semaine, chaque commerce devrait récupérer une partie des clients des autres boulangeries lors de ses jours d'ouverture. Et tous espèrent y trouver leur compte.
"On est solidaire entre nous avec ces deux jours de repos. Tout le monde s'est bien entendu pour qu'on ne ferme pas tous en même temps. Je pense aussi que deux jours de repos, ça va aussi nous faire du bien. Avec mon mari, qui a quand même 67 ans, on n'a jamais eu ça" souligne Régine Godefroy, boulangère à Coutances.
Redorer l'image du métier et faciliter les recrutements
Tous les artisans boulangers semblent aborder ce nouveau mode de vie professionnelle sereinement.
"Pour l'instant, ça ne nous fait pas peur. Au contraire, ça nous enthousiasme. Et ce sera plus facile d'organiser les plannings avec deux jours de repos et pour trouver du personnel" indique Alexandra Bellamy.
Car la profession peine à attirer des travailleurs en raison du travail de nuit, le week-end et jusqu'alors une seule journée de repos.
"Ce n'est plus aussi simple maintenant d'intéresser les nouvelles générations au métier de boulanger. On doit mettre en avant les salaires, les avantages du métier. Mais maintenant, avec les deux jours de repos, on devrait attirer plus de jeunes" espère Jean-Michel Bellamy.
"Les temps changent, il faut évoluer. On veut redonner de la valeur à notre métier pour ne pas qu'il se meure, souligne Sigrid Hébert, boulangère de Coutances. Les clients vont s'habituer et ça pourrait donner des idées à d'autres communes dans le département. Avec cette nouvelle organisation, il y aura toujours des boulangeries ouvertes du lundi au dimanche et c'est ça le principal".