Dans un village d’environ 700 habitants, situé dans la Manche, une classe pourrait fermer à la rentrée 2023. Opposés à cette idée, les parents d’élèves de Notre-Dame-de-Cenilly ont pris une initiative originale : poster des annonces sur le site internet Le Bon Coin.
"Vous êtes une famille avec de jeunes enfants, vous cherchez un logement dans une commune dynamique, avec des commerces de proximité, une belle école de campagne […]"
C'est ainsi que commence une annonce postée au sujet de Notre-Dame-de-Cenilly (Manche). Avec ce texte insolite, des parents d'élèves veulent en fait alerter.
Sauver une classe
74 enfants sont actuellement scolarisés à l'école Arc-en-Ciel. Un nombre insuffisant pour la nouvelle carte scolaire, une classe pourrait donc fermer à la rentrée 2023.
Banderoles, blocage, pétition, courriers aux députés… Depuis l'annonce fin janvier, les parents d'élèves ont déjà mené plusieurs actions. Sans résultat jusqu'à présent.
Alors, mercredi 8 mars, ils ont décidé d'innover : "On a publié une première annonce pour recruter des familles", explique Anne Sophie Mauger de Varennes, une des représentantes des parents d'élèves.
Résultat quatre jours après ? "On a pas mal de retours, dont certains très sérieux", assure la Normande.
Quatre ou cinq mamans sont mutées dans la région. Elles nous demandent ce qu'on propose, comment est la vie ici. On leur relaie même des annonces immobilières !
Anne-Sophie Mauger de VarennesFrance 3 Normandie
L'inquiétude des parents
Aujourd'hui, l'école Arc-en-Ciel compte quatre classes à deux niveaux (CM1 et CM2 ensemble, par exemple). "Si on ferme une classe, on passerait à des classes à trois niveaux. Et surtout, les effectifs vont augmenter !", s'inquiète cette mère de deux enfants, scolarisés en moyenne section et CP.
"Les enfants risquent de trinquer, ça nous chagrine", confie Sébastien Pignet, père d'une élève en CE2 et conseiller municipal.
Marion Lebeurier, également membre du conseil municipal, redoute que l'école toute entière finisse par fermer. "C'est le centre de notre village. S'il n'y a plus d'école, les commerçants seront impactés alors qu'on est plutôt bien lotis : une épicerie, une boulangerie, deux bars, un garagiste, une coiffeuse", énumère cette Manchoise de 27 ans, originaire du village.
Préserver leur village
Déterminés, les parents d'élèves ont publié une deuxième annonce, "pour faire davantage le buzz". Dans celle-ci, ils ont choisi d'utiliser l'humour, arguant que l'école deviendrait un Ehpad. "On s'est dit que c'était dans l'ère du temps, avec la réforme des retraites", sourit Anne-Sophie Mauger de Varennes.
"Doté d’une belle superficie, l’établissement comprend une grande salle de motricité, 2 grandes cours avec paniers de basket et préaux, 1 dortoir spacieux, une cantine lumineuse pouvant accueillir jusqu’à 70 résidents", peut-on y lire.
Les parents ne comptent pas s'arrêter là. Une vidéo décrivant les atouts du village sera bientôt publiée sur les réseaux sociaux.
Le tout, avec un espoir : faire changer d'avis l'inspection académique. Pour le moment, d’après nos confrères de France Bleu Normandie, dans la Manche, 43 fermetures de classes et 11 ouvertures sont prévues pour la rentrée prochaine.