Dans la Manche, le diocèse de Coutances et Avranches lance un appel aux dons : il lui manque 700 000 euros pour boucler son budget. l'absence de messes et de cérémonies durant le confinement a entraîné un sérieux manque à gagner.
"Compliqué." C'est le premier mot qui vient à l'esprit de Monseigneur Laurent Le'Boulch, l'évêque du diocèse de Coutances et Avranches quand on évoque avec lui le printemps dernier. Durant plusieurs semaines les églises sont restées portes closes. Et la fin du confinement ne s'est pas accompagnée d'un retour en masse des fidèles. "On a quand même beaucoup de personnes âgées qui fréquentent les églises et parmi elles beaucoup sont dans la peur et n'osent pas rejoindre la communauté même si on prend toutes les dispositions pour que ce soit possible. D'autres, à l'inverse, sont agacés par les protocoles et nous disent : tant qu'il y aura des masques, on attendra. Enfin, durant le confinement on a essayé de garder le lien par téléphone et par internet. J'espère que le gens ne se sont pas trop habitués à se nourrir par écran interposé."
Les fidèles vont pourtant devoir répondre à l'appel si le diocès de Coutances et Avranches veut renflouer ses caisses. 700 000 euros manquent pour boucler le budget cette année (un budget évalué entre 8 et 9 millions d'euros). "Avec le confinement, on n'a pas eu de messe publique pendant dix dimanches d'affilée et dans ces dimanches, il y avait en plus le dimanche de Pâques, un dimanche de forte affluence habituellement", explique Bénédicte Palluat de Besset, responsable de communication du diocèse. S'ajoute à cela l'annulation de nombreuses cérémonies, baptêmes et mariages.
Conséquence : les ressources liées à la quête (lors des messe), aux offrandes et au casuel (lors des cérémonies) ont drastiquement diminué cette année. "C'est une des ressources essentielles de l'église, elles sert à payer les frais d'entretien des bâtiments, le chauffage, l'électrictité". L'autre source de revenu, le denier du culte, permet de payer les salaires des prêtres (110 sur le diocèse de Coutances et Avranches dont la moitié à la retraite) et des laïcs. "Il y a déjà eu des appels au don largement relayés par les curés et auxquels les fidèles ont très bien répondu", indique Bénédicte Palluat de Besset, "Mais ces dons exceptionnels liés à la crise sanitaire ne couvrent pas le trou de 700 000 euros." D'où un nouvel appel au don lancé ces derniers jours.
Cette situation financière contraint le diocèse à accélérer une démarche de recherche d'économie entreprise déjà depuis quelques années. "Ça fait un moment qu'on essaye de limiter le personnel salarié. Pour l'instant, tout le monde est resté mais c'est sûr que ça ne nous encourage pas à embaucher sur de nouveaux postes", indique Monseigneur Laurent Le'Boulch. "On va devoir faire des choix plus stricts dans nos investissements, en reporter certains, revoir des projets à la baisse (...) On est en train de voir quels lieux d'église il faut valoriser et quels lieux, peut-être, sont devenus moins importants."
Un trou de 50 millions d'euros
Le diocèse de Coutances et Avranches est loin d'être un cas isolé. "L'église de France accuse un trou de 50 millions d'euros", indique Bénédicte Palluat de Besset. "Concernant le denier du culte, la perte a été relativement limitée, de l'ordre de 2 à 3 %", explique Frédéric Rabaudo, économe du diocèse de Bayeux-Lisieux, "Mais tout ce qui est casuel, offrandes, a baissé de 43 à 50%". Dans le Calvados, une "collecte de sortie de crise" a permis de limiter quelque peu la casse avec 200 000 euros de dons réunis en trois mois. "Nos comptes seront négatifs cette année", reconnaît toutefois l'économe. Mais pas de nouvel appel au don : à court terme le diocèse semble pouvoir faire face. "On a réussi pendant le confinement à baisser nos charges de façon significative avec le chômage partiel et sur les frais d'entretien des bâtiments qui étaient inoccupés."Pour autant, l'inquiétude demeure."On va souffrir sur le santctuaire de Lisieux. Il n'y a quasiment plus aucun pélerin", déclare Frédéric Rabaudo, "On appréhende un peu les fêtes thérésiennes en octobre avec le durcissement des règles sanitaires en ce moment. C'est pour nous, la grande manifestation de l'année, et il n'y aura pas de groupes venus de l'étranger. L'impact financier sera très fort cette année mais aussi probablement en 2021 car, pour le moment, il n'y a pas de réservation."