EXPERIMENTATION. Des bracelets pour mesurer son exposition aux perturbateurs endocriniens

Connaître son degré d'exposition aux phtalates, c'est possible. Cinquante volontaires de la communauté de communes de Granville vont ainsi savoir à quel niveau ils sont touchés par ce polluant, à l'origine de cancers et de naissances prématurées. Bonne nouvelle : bannir ce perturbateur endocrinien de notre environnement est aisé.

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100% de la population est contaminée aux phtalates. Si le chiffre n'est pas récent, la prise de conscience, elle, n'est pas acquise. Pour la favoriser, le réseau Environnement Santé (RES) organise une opération de sensibilisation. Cinquante volontaires vont porter des bracelets en silicone, qui seront ensuite analysés en laboratoire.

Rien de sorcier pour David Feltz du RES : "ces bracelets ne présentent aucune technicité, ce sont ceux distribués dans les campings et les boîtes de nuit. La propriété naturelle du silicone c’est de concentrer les polluants dans ses alvéoles. Avant d'être portés pendant sept jours, ils sont pris en charge dans un laboratoire où ils sont lavés pour ôter toute trace de polluant et protégés dans une boîte métallique. Là, quand on ouvre la boîte on mesure surtout la qualité de l'air intérieur."

Une pollution invisible et inodore

Cinquante volontaires de communes du pays granvillais vont donc porter ce bracelet pendant 7 jours. 

"il s'agit surtout de personnes ciblées, elles travaillent dans la petite enfance, dans les professions de santé, ou peuvent être des élus de la collectivité. Une fois les résultats de contamination connus, les vingt personnes les plus exposées pourront bénéficier d’ateliers, afin de les aider à limiter leur exposition aux perturbateurs endocriniens", explique Juliette Monteiro, coordinatrice santé.

"On souhaite que ces volontaires deviennent des ambassadeurs : ils devront partager leurs connaissances et agir, y compris dans leur environnement professionnel", insiste-t-elle.

Si la contamination est générale dans la population, elle peut être limitée. Les leviers à actionner ne sont pas si compliqués. 

Comment agir ?

  • Les phtalates, on les trouve dans les plastiques mous ou souples. Trois leviers permettent d’agir sur la contamination. Le premier est de ne pas réchauffer de nourriture dans un contenant en plastique. On oublie donc le micro-onde si on n’a pas d’assiette ou de plat en verre. Dans les collectivités, pour les repas à la cantine, les barquettes plastiques avec opercules sont à bannir. L'inox peut les remplacer.  "Un sol en PVC est particulièrement émetteur de phtalates, mais il est difficile de changer tous les sols d'une crèche par exemple. En utilisant des tapis, on peut déjà limiter l'impact sur les bouts de chou qui passent du temps par terre" complète Juliette Monteiro. . 
  • Ensuite, les perturbateurs endocriniens se retrouvent dans les produits agroalimentaires ultra-transformés : "les usines de fabrication de plats tout faits utilisent dans leurs process des tuyaux en PVC, ça suffit à contaminer les aliments" explique David Feltz.
  • Dernier levier indiqué par le chargé de mission du Réseau Environnement Santé : ne pas utiliser de produits cosmétiques qui contiennent des phtalates, comme les parfums qui utilisent des fixateurs. Ou les vernis à ongles. 

Mais comment savoir si les produits utilisés contiennent ou pas des phtalates, souvent indiqués dans les compositions sous leur nom scientifique? "Des labels existent pour les différents types de produits, comme Ecolabel ou Ecocert. Pour l'alimentation le bio est une garantie, Cosmos concerne les produits d'hygiène. Pour les jouets et le textile, ça peut être GOTS", détaille Juliette Monteiro.

L’enjeu est sanitaire

Le réseau environnement santé entend ainsi limiter l’exposition des plus vulnérables. "Il s’agit des femmes enceintes et des enfants jusqu’à trois ans. Les phtalates perturbent le développement de l’embryon, et influent aussi sur le placenta. Concrètement le risque de prématurité est accru. Des dérèglements et modifications lors de la formation du cerveau sont constatés, ce qui peut provoquer des retards de développement du langage, de l’hyperactivité." Tout cela étant favorisé par un effet cocktail avec d'autres polluants comme les perfluorés et les bisphénols.

Autres effets, moins connus, des perturbateurs endocriniens que souligne David Feltz : "ils provoquent aussi des troubles reproductifs : chez l’homme, ils diminuent la qualité du sperme, et participent de l’endométriose chez la femme."

 À Granville, l'expérimentation sera lancée mi novembre, au moment de la journée mondiale de la prématurité. Les volontaires devraient connaître leur exposition aux phtalates début janvier.

Dans d'autres régions françaises, les chiffres parlent d'eux-mêmes : "parmi les participants, les personnes ne sont pas toutes contaminées au même degré, certaines sont 100 fois plus polluées aux phtalates." Ce polluant étant évitable, c'est à chacun de jouer.

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