Expropriés près d'Avranches alors que la route n'a jamais été construite : "c'est honteux de voir ça"

Roger et Maryline Dugué sortent de leur silence après l'expropriation qu'ils ont subi en 2009 à Saint-Senier (50). Leur maison de famille devait être détruite pour laisser place à une route qui n'a jamais été réalisée. Aujourd'hui, devant cette maison qui est toute leur vie, réduite à l'état de ruine, ils ont le cœur gros et parlent d'abus et de préjudice qu'ils veulent faire reconnaître.

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Quand une raison d'Etat plus forte que vous vous tombe sur la tête, il faut s'y résoudre. En 2009, Maryline et Roger Dugué ont dû quitter leur maison de famille de saint-Senier-sous Avranches (50) pour laisser place à un contournement devenu indispensable pour le déplacement des habitants.

Ils ont accepté par loyauté la compensation qui leur a été versée. L'histoire aurait pu s'arrêter là si la maison avait été détruite par des pelleteuses, comme celle de leurs voisins qui ont subi le même sort. Mais non, le pavillon n'a jamais été détruit et pire, la route "indispensable au point de chasser des familles de chez elles", jamais construite.

Cette immense maison de 300 m2 était leur pavillon construit à la fin des années 70, avec un beau toit en tuiles. "J'ai fait moi-même beaucoup de choses ici. C'est ma maison." Roger avoue que de voir son état aujourd'hui ( le toit ouvert aux vents et à la pluie, les tuiles tombées, des trous béants dans les murs, les fenêtres arrachées, etc ) le "traumatise".  

C'est une honte de voir ça. Elle ne ressemble plus à rien. Tout cet immense gâchis, ça nous brise le coeur

Maryline Dugué, ex propriétaire de la maison brûlée de Saint-Senier-sous-Avranches

Elle, elle se souvient de ses après-midi à "faire bronzette" sur sa terrasse et du Magnolia que son mari avait planté pour la cacher des regards indiscrets.

"Le dernier de mes 3 enfants est né ici. Ils ont tous grandis dans cette maison. Quand on est partis, heureusement ils avaient déjà quitté le nid." Mais ses petits-enfants auraient pu partager ces souvenirs. Il n'en est rien. La maison tient à peine debout.
En février 2022, un drame s'y même déroulé avec un adolescent grièvement blessé après l'éboulement d'une cheminée. Il était rentré malgré les interdictions. 

En 2019, les gilets jaunes d'Avranches ont squatté le pavillon. C'était devenu leur QG. 

On se dit que c'est pas normal d'avoir subi tout ça pour rien. Pour nous c'est une expropriation abusive

Roger Dugué, ancien propriétaire de la maison

Lui et son épouse ont décidé d'aller consulter un avocat et envisagent un recours contre l'Etat qui n'a jamais fait construire de route après les avoir délogés.

Son "autre maison" celle d'aujourd'hui, Maryline ne s'y est jamais fait réellement. "Je dors mal", avoue t-elle. Dans son souvenirs, elle entend les enfants jouer avec les copains dans le jardin de Saint-Senier ou elle revoit leurs après-midi dans le sous-sol, à faire des fêtes avec leurs amis. La page n'est pas tournée. 

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