Le feuilleton du chantier de l'EPR a connu un nouveau rebondissement: l'Autorité de sûreté nucléaire a autorisé l'utilisation de sa fameuse cuve, "sous réserve de la réalisation d'un programme d'essais de suivi du vieillissement thermique" et de "contrôles spécifiques".
Sans lever ses mises en garde, l'Autorité de sûreté nucléaire a communiqué son feu vert, mardi 9 octobre 2018, pour utiliser la cuve de l'EPR, "sous réserve de la réalisation d’un programme d’essais de suivi du vieillissement thermique" et "de contrôles spécifiques lors de l’exploitation de l’installation".
Il y a tout juste un an, la même autorité avait détaillé, dans son avis du 10 octobre 2017, l'anomalie relevée dans la composition chimique de l'acier du couvercle et du fond de cuve. Dès la fin 2014, Areva NP avait décelé la présence trop importante de carbone dans l'acier de sa cuve, "pouvant réduire sa capacité à résister à la propagation d'une fissure", selon les termes de l'Autorité de sûreté nucléaire.
Le fond de cuve conservé, mais le couvercle à remplacer pendant l'exploitation
Les opérateurs du chantier, EDF et Areva NP, sont parvenus à convaincre les gendarmes du nucléaire de la solidité du fond de la cuve du réacteur. Mais pas sur celle du couvercle, même si EDF espère encore pouvoir prouver le contraire. Pour l'instant, l'électricien n'est autorisé à utiliser le couvercle actuel que jusqu'en 2024. Au delà, il lui faudra en changer.
Soudures non-conformes du circuit d'évacuation de la vapeur: EDF devra réparer
Autre défi majeur: les soudures non conformes, découvertes fin mars cette année, sur les tuyauteries acheminant la vapeur du réacteur, vers la turbine censée produire de l'électricité. Entre 130 et 150 soudures comportent un risque de rupture. EDF propose de ne revoir que certaines d'entre elles. Et de surveiller les autres "dans une démarche de justification spécifique tout au long des 60 ans d'exploitation".
L'Autorité de sûreté nucléaire refuse ce scénario. Le 3 octobre dernier, elle a rappelé qu'elle "invite EDF à engager dès à présent les actions préalables à la réparation des soudures concernées."
Changement à la tête de l'Autorité de sûreté nucléaire
Tous ces points essentiels dans la sûreté de l'installation sont abordés tandis que le gendarme du nucléaire s'apprête à changer de président: Emmanuel Macron a annoncé en septembre qu'il envisageait de nommer Bernard Doroszczuk pour succéder à Pierre-Franck Chevet.
Le candidat était auditionné hier, mercredi 10 octobre, par la Commission des affaires économiques du Sénat, qui a émis un vote favorable à cette nomination. Au cours de son audition, Bernard Doroszczuk a affirmé vouloir élargir la compétence de l'Autorité de sûreté nucléaire aux questions de sécurité (risque d'intrusion ou d'attaque), et non plus seulement aux questions de sûreté (risque d'accident).
De leurs côtés, certains opposants au nucléaire appellent à rejoindre les marches pour le climat annoncées pour samedi 13 octobre, à Cherbourg notamment.
De son côté, François de Rugy, le ministre de la transition écologique, reste prudent quant à la mise en fonctionnement de l'EPR de Flamanville, ne souhaitant pas s'avancer sur le calendrier. A découvrir dans le reportage ci-dessous de Gwenaelle Louis et Cyril Duponchel, France 3 Normandie.