Les araignées de mer dévorent les moules : les producteurs veulent "les éliminer"

Rien ne les arrête ! Chaque jour, des milliers d'araignées voraces s'en prennent aux moules de bouchot de la côte ouest du Cotentin. Elles engloutissent 20 % de la production. Les mytiliculteurs sont bien autorisés à les capturer, mais ils doivent les rejeter à la mer. C'est sans fin...

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Il faut attendre que la mer se retire pour constater les dégâts. Chaque jour, Vincent Onfroy inspecte son parc à Bricqueville-sur-Mer. "Là on a des pieux qui ont été ensemencés au mois de juin. Les moules s'étalent sur les bouchots. Elles noircissent les pieux". Le constat est désarmant : "tout le bas des pieux devrait être couvert de moules, mais les cordes sont à nu. Tout a été mangé. Il ne reste rien. Malgré la gaine de protection, les araignées réussissent à manger à travers les petites mailles".

 

Chaque jour, des dizaines de milliers d'araignées effectuent de longs raids à marée haute. Une vidéo mise en ligne par la société Mytiprotect montre l'ampleur de la prédation. Les araignées s'agglutinent sur le sable et elles escaladent les pieux. "Elles montent en marche arrière et avec leurs pattes, elles mangent tout", observe Vincent Onfroy.

Rien n'explique vraiment cette prolifération. Est-ce un effet du réchauffement climatique ? Est-ce parce qu'elles ne trouvent plus à se nourrir au large ? "Elles n'ont pas de prédateur, hormis l'homme, souligne Loïc Maine, le vice-Président des mytiliculteurs de Normandie. Or ces dernières années, l'araignée a moins la cote sur les étals des marchés. Elle est donc moins pêchée. "Quand vous avez une espèce qui prend le dessus sur toutes les autres, on connaît le résultat. Elles ne mangent pas que les moules, elles ratissent le fond". 

"Les araignées n'ont pas de prédateur, hormis l'homme..."

Depuis toujours, les mytiliculteurs cohabitent avec les araignées. Elles avaient pour habitude de venir se reproduire près des côtes. Au bout d'un mois, elles regagnaient le large. Depuis quelques années, leur séjour se prolonge. Elles séjournent au moins six mois dans l'année. "C'est de pire en pire. En été, elles ont mué et elles ont besoin de beaucoup de nourriture pour reconstituer leur carapace, explique Vincent Onfroy. Elles vont où il est facile de manger". Dans les moulières...

Depuis 2015, le phénomène s'amplifie. La colère monte chez les mytiliculteurs. Au mois de juillet, une vidéo publiée par un producteur installé dans l'archipel de Chausey a fait le tour des réseaux sociaux. La préfecture de la Manche a aussitôt rappelé qu'elle avait déjà pris des mesures : "Pour la troisième année de suite, afin d'accompagner les mytiliculteurs dans cette lutte, un arrêté portant mise en œuvre de mesures de protection des concessions mytilicoles a été pris la préfet de la Manche le 30 mai dernier." 

Les producteurs de moules réclament de pouvoir tuer les araignées

"C'est un arrêté Shadoks", dit amèrement Loïc Maine, en faisant référence aux personnages d'un dessin animé qui pompaient, qui pompaient... 

L'arrêté permet aux professionnels jusqu'au 31 octobre de mettre en œuvre des techniques de piégeage par casier ou filet. Ces mesures concernent uniquement le piégeage non létal des prédateurs et leur remise à l’eau, vivants, à distance des concessions.

Préfecture de la Manche

Autrement dit, les mytiliculteurs sont autorisés à capturer les araignées, mais ils doivent les relâcher un peu plus loin. "Ça me coûte 250 euros de gasoil par jour, juste pour remettre des araignées au large", déplore Loîc Maine. A cette saison, l'araignée est maigre, donc invendable. Sur la côte ouest du Cotentin, les mytiliculteurs pêcheraient ainsi quotidiennement cinq tonnes d'araignées. En vain.

On pêche l'araignée pour la remettre au large, pour la repêcher le lendemain !

Loïc Maine, mytiliculteurs de Normandie

La préfecture souligne que "les échanges se poursuivent entre les services de l’État et les représentants  de la profession mytilicole afin de (...) de développer et de mettre en œuvre de nouvelles techniques, par exemple l'effarouchement".

Les producteurs jugent forcément la réponse insuffisante. Face à l'invasion, ils préconisent une politique plus radicale. "La seule solution, c'est la régulation de l'espèce", assure Loïc Maine. A Bricqueville-sur-Mer, devant ses pieux mis à nu par le prédateur, Vincent Onfroy précise : "On veut pouvoir nettoyer nos parcs et empêcher les nuisibles d'y venir". Face à l'araignée, les mytiliculteurs réclament le permis de tuer.

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