Gymnastique artistique : face aux mastodontes de la discipline, Saint-Lô poursuit son ascension et se qualifie en finale du Top 12

Petit poucet du championnat, la formation manchoise recevait Saint-Etienne, samedi, pour la demi-finale du Top 12, le circuit élite de la discipline. Les Manchoises se sont imposées, après réclamation, face à Saint-Etienne (25-23).

Lorette Charpy, Marine Boyer, Coline Devillard... Ces grands noms de la gymnastique artistique tricolore fouleront les praticables lors des Jeux de Paris 2024. Mais avant cela, les gymnastes avaient rendez-vous samedi 30 mars pour les demi-finales du Top 12, la compétition élite de la discipline. Comme la Ligue 1 en football ou le Top 14 au rugby, le circuit oppose les meilleurs clubs de l'hexagone : Meaux, Saint-Etienne, Lyon et... Saint-Lô.

Le club manchois, petit poucet de la compétition, était le seul finaliste à ne compter aucune gymnaste de l'équipe de France dans ses rangs. Sa seule présence dans le dernier carré du championnat ce samedi, acquis à la force du collectif, actait déjà un changement de dimension. Après avoir effacé en poules Brumath puis Combs-la-Ville, les Saint-Loises rencontraient en demi-finale les gymnastes de Saint-Etienne, une référence dans l'univers gymnique.

Pour les Manchoises, le scénario fut rocambolesque. Prenant d'entrée le lead à la faveur d'un excellent passage au saut (3/3 victoires) et aux barres asymétriques (2/3), les Normandes ont vu leur avance se réduire après leur passage à la poutre. Au coude-à-coude avec Saint-Etienne avant le dernier duel de la journée, la victoire au sol de la Stéphanoise Inaya Lambri, pour 0.034 point, a d'abord fait craindre une fin de parcours sur le fil. 

Mais une réclamation, déposée après l'annonce des résultats, a finalement fait basculer la victoire dans le camp manchois. Les juges ont corrigé la note de départ de Loïcia Porte de 0.20 point grâce à une dernière diagonale en double arrière groupé - une difficulté supérieure, synonyme de victoire... et de première finale dans l'histoire du club. "C'est génial pour nous de figurer parmi les clubs historiques. Ça récompense un projet de formation ambitieux mené par le club depuis plusieurs années, avec des gymnastes formées exclusivement ici", se réjouis Emilie Brun-Binet, ostéopathe de l'équipe saint-loise.

"Ca risque de se jouer au dixième de points : soit une pointe de pied !"

Alors que certaines formations - au budget conséquent - n'hésitent pas à faire appel à des gymnastes internationales le temps de la compétition, la Saint-Loise Gymnastique se distingue par une composition très locale, avec des jeunes filles âgées de 13 à 26 ans, originaires de Saint-Lô, de Caen et de Falaise. 

"Notre présence dans le dernier carré est l'aboutissement de plusieurs années de travail des gymnastes, mais aussi du club, des coachs et de l'encadrement. Tout cela a participé à faire émerger une structure dédiée au haut niveau en Normandie, exposait avant la compétition Loïcia Porte, 26 ans, figure de proue de l’équipe saint-loise. J'ai très hâte de matcher face à Saint-Etienne devant notre public. Ça va être de la belle gym, ça risque de se jouer au dixième de points : soit une pointe de pied !", prophétisait la championne de France universitaire 2022, doctorante à l'université de Rouen sur... l'étude de la gestion du stress chez les gymnastes.

Ce ne sont pas ses coéquipières qui infléchiront son postulat : "Je suis un peu angoissée, c'est une grosse pression. Tout le monde est là, en tribunes. Des gens qui nous ont vu progresser depuis toute petites au club de Saint-Lô ! Le top niveau français, on y pensait depuis longtemps, mais arriver en demi-finale est historique pour nous tous", expose Tatiana Canavy, en terminale au lycée Le Verrier.

Comme elle, toutes les jeunes femmes de l'équipe ont fait leurs classes à Saint-Lo, jonglant entre les cours et la salle de gymnastique. "Notre force, c'est que l'on s'entraîne tous les jours ici, depuis notre plus jeune âge. Nos entraîneurs nous connaissent par cœur, et nous sommes très soudées. Cela aura son importance dans la stratégie déployée cet après-midi", évoque la gymnaste Adélaïde Challes.

Dans l'univers complexe de ce sport à notation, le Top 12 fonctionne sur un format ludique de duels : les gymnastes sont opposées dans des "un contre un" sur les agrès (saut, sol, poutre, barres asymétriques) où chaque victoire rapporte 3 points, les matches nul 2 points, et la défaite 1 point. C'est ensuite l'équipe qui totalise le meilleur score total qui remporte la confrontation. En tout, 12 duels sont disputés (3 par agrès). 

La stratégie occupe de fait une place primordiale dans la gestion de la compétition: les entraîneurs doivent choisir la gymnaste la plus à même - physiquement et mentalement - de battre son adversaire. 

David contre Goliath

L'an passé, les Saint-Loises avaient pêché sur ce dernier point, manquant de peu les phases finales malgré leurs victoires en poule, à cause de leur mauvais classement aux points. "Cette fois on a bien compris l'importance de la stratégie. On a battu Saint-Etienne l'an passé, on peut le refaire cette année même si ce n'est pas exactement la même équipe", estimait la jeune Lilly Havard, 17e du championnat de France Elite Junior. Un défi, d'autant plus au regard d'une formation stéphanoise 2.0, renforcée par le retour de Lorette Charpy, finaliste aux barres lors des Mondiaux 2023 et quintuple médaillée européenne. Une adversaire de choix qui n'aura pas effrayé les Normandes.

"La billetterie a été vidée en moins de cinq heures"

La Saint-Loise gymnastique

France 3 Normandie

Saint-Lô a réalisé, samedi, le meilleur résulat de son histoire en championnat. Le club avait intégré le Top 12 en 2018, avant de connaître une relégation, pour finalement revenir au plus haut niveau en 2022. "Nous avons investi sur la formation - nous comptons plus de 1000 licenciés et sommes le plus gros club manchois -, dans l'achat de matériel, le suivi médical des gymnastes, etc. Cette demi-finale est le premier aboutissement d'un projet de longue haleine", évoque Emilie Brun-Binet. Un avant-goût du très haut niveau, qui se poursuivra avec la finale, le 18 et 19 mai face à Meaux, tombeur de Lyon.

 

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