Le spectacle "Hommage aux Héros" autour du Débarquement prend forme. Ce jeudi 30 juin 2022, les contours et l'esprit du projet sont présentés par Normandy Memory, la marque qui développe cette création scénique, située à Carentan-les-Marais, dans la Manche. Voici ce qui attend les visiteurs dès 2025.
Situé à quelques kilomètres des plages du Débarquement, Carentan-les-Marais dans la Manche accueillera dès 2025 un spectacle autour du Débarquement, de sa préparation à la bataille de Normandie. Cette expérience immersive "unique au monde", d'après ses créateurs s'appellera "Hommage aux Héros". Ce jeudi 30 juin 2022, Normandy Memory, en charge du développement de ce projet a présenté les contours du spectacle.
Situé sur un site de 30 hectares, le spectacle sera produit au sein d'un théâtre en mouvement d'une capacité de 1000 places, qui avance sur 500 mètres. Dans ce théâtre, une scène tapissée d'écrans s'ouvre sur une trentaine de "tableaux vivants" qui permettent aux spectateurs "d’embarquer à New York, de se retrouver dans les camps d’entrainement anglais, de débarquer, avant d’être au cœur de la Bataille de Normandie", détaille le communiqué d'Hommage aux Héros. Ce spectacle a vocation à être immersif, "c'est la première création scénique à utiliser autant de moyens techniques du spectacle vivant contemporain, associés à ceux de la création audiovisuelle", est-il expliqué. 600 000 personnes y sont attendues chaque année.
Hommage aux héros : les critiques au projet
Estimé à 90 millions d’euros, le projet suscite depuis son lancement l’opposition de personnalités telles que le vétéran Léon Gautier ou encore l’écrivain Gilles Perrault. "On nous dit ça va faire tomber une pluie d'or sur la région mais pas du tout ça va assécher les ressources des musées qui existent déjà, de tout ce qui existe déjà. Ces parcs sont fait pour vider les poches des visiteurs. Ils sortent de là ils ont plus un rond. Les ronds ils sont dans la poche des promoteurs", réagissait en août 2020 l'écrivain également membre du comité d'opposition de Sainte-Marie-du-Mont.
Ce dernier signait un mois plus tard en septembre 2020 une tribune dans Le Monde avec l’universitaire Bertrand Legendre et le médecin Christian Derosier : ils y évoquaient une "mascarade historique à visée commerciale" et un "business mémoriel", comparant le gigantisme du projet aux hypermarchés qui "asphyxient le commerce de proximité."
Reportage France 3 Normandie : un projet qui divise, (août 2020)
Face à cette levée de bouclier, les porteurs du projet tentent de rassurer la population. Le producteur Roberto Ciurleo en tête se défendait sur notre antenne de vouloir créer un "Puy-du-Fou normand". Certains opposants surnomme également le projet de "D-Day Land". "Ce n'est pas un Puy-du-Fou, ce n'est pas un parc d'attraction, on est sur une grande évocation, une grande épopée, qui utilise énormément de documentation, d'images d'archives pour évoquer cette période si importante pour la France."
"Les intentions sont empreintes de respect et de sérieux. Il n’est pas question de créer sur les lieux même de l’Histoire, un divertissement de mauvais goût. C’est un projet de mémoire, de recueillement, d’hommage. Les auteurs veulent créer une œuvre qui s’adresse autant aux plus vieux qu’aux plus jeunes qui perdent contact avec cette page de l’histoire. S’ils peuvent éveiller leur curiosité, créer chez eux un intérêt, alors ce sera une réussite. Au risque de se répéter, il n’est pas dans notre désir de faire une reconstitution sans signification", écrit Hommage aux Héros dans son communiqué, en écho aux critiques qui le visent.
Mais les arguments ne satisfont pas les opposants. Ils ont depuis opté pour une nouvelle stratégie. "Malheureusement le respect de le mémoire des morts ne constitue pas, semble-t-il, un argument majeur pour que le projet soit abandonné, ne soit même pas présenté. Nous faisons glisser l'opposition sur le volet environnemental", indique Anne-Marie Duchemin, présidente de Cotentin Nature
Car 32 hectares de bocages à Carentan-les-Marais seront grignotés par le complexe touristique dimensionné pour accueillir 600 000 visiteurs par an. Un argument de poids au vue du contexte écologique mondial.