Les résidents d'un quartier de la commune manchoise observent un accroissement de la population de rats depuis un an et la mise en place d'un nouveau système de gestion des déchets. Mais la raison de cette infestation fait débat.
Dans le quartier de la Dollée, à Saint-Lô dans la Manche, la grogne est en train de monter. En cause, la population de rongeurs, qui semble croître depuis plusieurs mois.
"On voit même les chiens se bagarrer avec les rats"
"Il y a beaucoup plus de rats depuis un an", estime Nadine Bertot, gérante du Bar de la Dollée, à l'entrée du quartier. "On voit même les chiens se bagarrer avec les rats", raille la commerçante, un brin amère.
"Ça grouille de rats", dénonce aussi une habitante citée par Ouest-France, tandis qu'une autre pointe la responsabilité du service de gestion des déchets.
L'augmentation ressentie de la population de rongeurs pourrait en effet coïncider avec le début du déploiement d'un nouveau système de gestion des déchets à Saint-Lô et dans son agglomération.
Le système de gestion des déchets pointé du doigt
Depuis janvier 2023, les Saint-Lois et leurs voisins sont dispensés de taxe d'enlèvement des ordures ménagères. À la place, ils doivent s'acquitter d'une redevance. Ce système avec redevance "permet d’individualiser et de facturer en fonction de la production de déchets résiduels de chacun", explique une brochure de l'Agglomération à destination des usagers : "le montant dépend de l’utilisation du service".
Un modèle que l'Agglomération qualifie de "vertueux", mais qui peut visiblement pousser certains à abandonner leurs déchets. La redevance donne droit à 12 levées de déchet à domicile annuelles et à 36 dépôts dans des containers collectifs, via des colonnes semi-enterrées.
Au-delà, l'utilisateur reçoit une facture supplémentaire pour ses déchets. Ainsi, certains résidents, pour tenter de limiter la facture, préfèrent laisser leurs sacs au pied des colonnes. D'autant plus qu'il faut utiliser un badge pour les ouvrir.
"On ne constate pas ça", répond-on au service de gestion des déchets de l'Agglomération. Les services techniques de l'Agglomération affirment tout de même que des "appâts de dératisation" sont installés par la commune.
Le climat n'aide pas
"Il y a une infestation de rats", confirme de son côté Davy Travert, dératiseur pour le Service d'extermination des nuisibles, société qui intervient régulièrement à Saint-Lô.
Mais le professionnel ne se montre pas catégorique sur la cause du problème. Pour lui, "ce n'est pas dû aux poubelles, mais surtout aux habitudes alimentaires des gens". Il affirme intervenir souvent dans les commerces de la ville, notamment dans un restaurant ces dernières semaines.
Chaque année à l'automne, la fin de l'ensilage dans les campagnes aux alentours pousse les rats à se rapprocher de la ville, faute de trouver de la nourriture dans les silos à grain. Ils se dirigent alors vers les poubelles et les bacs de compost, de plus en plus présents dans les quartiers d'habitation, affirme le spécialiste de la dératisation.
D'habitude, l'arrivée des jours plus froids réduit l'activité des rats. "Mais on n'a plus d'hiver", lance Davy Travert. Le climat doux du mois d'octobre de cette année prolongerait donc la présence saisonnière des rongeurs.