"Nous ne sommes pas la poubelle normande" : vent de colère contre l’extension d'un site d’enfouissement de déchets dangereux

La Société d’exploitation et de réaménagement de la Fosse Marmitaine (SERAF), située à Tourville-la-Rivière, a pour projet de s’étendre sur 15 hectares en face de son site actuel. Un agrandissement refusé par une partie des riverains et maires des communes concernées.

Depuis 30 ans, ces riverains vivent à coté de ce site d'enfouissement de déchets dangereux, Seraf, classé Seveso Haut. En effet, le lieu actuel de 22 ha peut recevoir annuellement jusqu’à 80 000 tonnes de déchets ultimes (à l’exclusion des produits inflammables, radioactifs, explosifs…) et 220 000 tonnes de déchets inertes (terres et pierres non polluées, béton, briques, tuiles…). Ils proviennent à 75 % de Seine-Maritime et 5 % de l’Eure. Ces déchets minéraux ultimes dangereux sont issus des résidus de nos poubelles une fois passés par la SMEDAR. Les déchets des grands sites industriels comme Renault Cléon ou Lubrizol y sont également traités.

L’exploitation du site actuel arrive à terme en 2030. Elus et riverains pensaient pouvoir passer à autre chose et revaloriser leur lieu de vie. Mais finalement avec ce nouveau projet porté par la SERAF, le traitement pourrait se poursuivre jusqu’en 2050.

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Près d’Elbeuf, des riverains mobilisés contre l’extension du site d’enfouissement des déchets Seraf classé Seveso ©France 3 Normandie

Une "poubelle normande" dans un espace classé

Trop c’est trop, les habitants de la boucle de la Seine située autour d’Elbeuf ne veulent plus être la « poubelle normande». Ces mots sont également repris par Djoudé Mérabet, vice-président (Parti Socialiste) de la Métropole Rouen Normandie en charge de l’Urbanisme qui précise que la Métropole est contre ce projet « Le bois des coutures est un espace classé, le PLUI le préserve, on ne peut pas faire n’importe quoi. Aujourd’hui, nous ne savons pas quel autre site a été cherché pour accueillir ces déchets. Nous avons interrogé la Région et nous n’avons toujours pas de réponse à ce jour ».

L’élu ajoute l’argument écologique en demandant à préserver les espaces verts, véritable îlot de fraicheur, en cette période de réchauffement climatique : « il faut sacraliser ces espaces boisés pour leur permettre de leur redonner une fonction première c’est-à-dire des espaces de balade et de vie »

Des élus inquiets : "On va avoir un empoisonnement de 100 000 habitants"

Parmi les villages les plus concernés par ce projet, Fréneuse. Son maire et ses habitants y sont opposés. Le Comité de défense de l’environnement de Freneuse (Codef) organise avec les élus des réunions publiques d’information autour de ce projet. La première a rencontré son public avec 150 personnes concernées par ce sujet. Son président, Patrice Laurent, craint les conséquences à long terme : « il y a déjà une pollution à l’arsenic car il y avait déjà des carrières auparavant, des entreprises de piles sur Elbeuf. Dès le départ, on n’aurait jamais dû mettre une décharge dans un méandre rempli d’alluvion et de sable, c’est une aberration. On ne va pas rouvrir une carrière ailleurs car les gens vont dire aussi on en veut pas. Le Bois des coutures avait été créé comme une protection contre le site et aujourd’hui ils veulent l’enlever. C’est un reniement de parole. »

Patrice Laurent regrette également que les commissions avec les habitants, les associations environnementales, les communes et la SERAF n’aient plus lieu. Auparavant, ces rencontres étaient annuelles mais depuis 10 ans elles ne sont plus programmées.

Pascal Baron, le maire de la Freneuse a lancé une pétition « NON à l'extension de la décharge de déchets ultimes dangereux dans la Boucle de Seine ». L’élu est inquiet pour la contamination de l’eau « demain l’eau va monter et va s’infiltrer dans les déchets. On va avoir un empoissonnement de 100.000 habitants dans la zone. On a déjà quelques millions de tonnes et on veut en ajouter d’autres ».

Un agrandissement "nécessaire" selon la Seraf

"'L'agrandissement de ce site est nécessaire pour deux raisons : nous allons continuer de produire des déchets qui vont générer des déchets minéraux ultimes qui devront être traités en toute sécurité. Deuxièmement notre exigence en matière environnementale et les nouvelles filières, comme par exemple les chaufferies biomasse, vont générer de grandes quantités de déchets ultimes", explique Franck Choplin, directeur des activités stockage à la Seraf. Il nous précise que depuis 2018 des recherches ont été faites en vain pour trouver un autre site. C'est finalement le site en face de l'actuel qui a été choisi car il est non inondable, proche des gisements produits et permet d'utiliser l'usine existante et le savoir-faire des 22 salariés de la Seraf.

Il y a seulement deux sites de ce type en Normandie, le deuxième se trouve à Argences près de Caen. Au total, 12 sont répertoriés en France.  

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