Avec Guernesey, les pêcheurs normands font "carton plein" sur les licences de pêche

L'île anglo-normande a annoncé ce mercredi accorder des licences à 40 bateaux français. Si certains s'estiment lésés, le patron des pêcheurs normands considère avoir obtenu satisfaction. Pour autant, le bras de fer continue de part et d'autre de la Manche.

C'est un dossier qui envenime les relations de part et d'autre de la Manche depuis de nombreux mois. Et au vu des nombreux points encore à régler, le bras de fer autour de la pêche risque encore de durer. Néanmoins, une bonne nouvelle est tombée ce mercredi 1er décembre 2021 dans l'après-midi en provenance de Guernesey. L'île anglo-normande a annoncé avoir accordé des licences de pêche pour 43 bateaux français sur 58 demandes. Pour les 15 bateaux restants, "toute donnée supplémentaire sera examinée", assure le baillage de Guernesey dans un communiqué. Les heureux élus pourront continuer à pêcher dans ses eaux à partir du 1er février 2022 comme c'était le cas avant le Brexit.

En France, la ministre de la mer Annick Girardin a salué "une excellente nouvelle pour nos pêcheurs". Satisfaction également en Normandie où le président du comité régional des pêches, estime que les Normands ont fait "carton plein" : les 14 licences demandées ont été accordées. "C'est une bonne surprise sans en être une parce qu'on avait des rapports avec Guernesey plutôt sincères, il n'y a pas eu d'escalade comme avec Jersey via communiqués de presse et médias", explique Dimitri Rogoff.

Douche froide à Cherbourg ?

Pour autant, l'annonce ne satisfait pas tout le monde. " C'est un peu la douche froide. Il y avait 168 licences provisoires accordées (aux pêcheurs français) par Guernesey jusqu'au 31 janvier et à compter du 1er février, seuls 43 bateaux pourront pêcher. C'est catastrophique", estime ainsi Sophie Leroy, propriétaire de cinq navires sur Cherbourg, "Par exemple, pour l'armement cherbourgeois, on avait cinq licences pour aller à Guernesey et nous n'en avons plus que trois". Et l'armatrice de menacer l'île anglo-normande de mesures de rétorison : "Si c'est vraiment 40 sur 168, je peux vous dire que les pêcheurs vont rapidement faire des actions pour empêcher les pêcheurs de Guernesey de livrer à Cherbourg."

Le président du comité régional des pêches ne trouve rien à redire sur la décision du gouvernement de Guernesey. "Après les accords du 24 décembre 2020, Guernesey avait accordé des permis provisoires à tous ceux qui les demandaient. Effectivement, ils (les autorités de Guernesey) en ont donné beaucoup. Mais sur ces permis-là, il était bien spécifié que ça n'allait pas créer d'antériorité pour les demandeurs : en aucun cas ils ne pouvaient prétendre à un permis définitif dans le futur. Ça a toujours été clairement spécifié. Donc, il n'y a pas lieu de crier pour ça", corrige Dimitri Rogoff.

D'autres points à régler

Pour autant, les discussions avec l'île anglo-normande ne sont pas terminées. "Maintenant, il reste à travailler sur les mesures techniques et là, j'espère qu'on sera toujours dans un débat constructif", indique le président du comité régional des pêches. Et d'expliquer : "Les mesures techniques, ce sont toutes les contraintes réglementaires que Guernesey, un état indépendant, veut imposer dans ses eaux : les engins de pêche, le nombre de jours, les espèces, etc. Il faut qu'on les discute avec eux pour que ce ne soit pas aberrant par rapport à nos pratiques et que ce ne soit pas discriminatoire.

Depuis le 1er janvier 2021, la France a obtenu environ un millier de licences de pêche dans les eaux britanniques et celles des îles Anglo-Normandes, Paris en réclame encore une centaine notammment à l'ile anglo normande de Jersey. "Au niveau de la Normandie, on a une vingtaine de permis provisoires en attente qui ne sont valables que jusqu'au 31 janvier 2022", rappelle Dimitri Rogoff, "On a besoin qu'ils soient définitifs. C'est ce qu'on réclame."

Un dialogue à trois contre-productif ? 

Autre "problème important" selon le président du comité régional des pêches, celui des navires remplaçants. "On a des pêcheurs qui ont cassé leurs bateaux pour en faire des neufs. Les anciens bateaux avaient des antériorités mais le bateau neuf n'en a pas et ces pêcheurs là n'ont plus aucun droit dans les eaux anglaises.

Après 11 mois de négociations et de tensions, le dossier de la pêche est donc loin d'être réglé. La Commission européenne a demandé récemment à Londres de régler le contentieux post-Brexit sur les licences de pêche avec la France pour le 10 décembre. "Cette espèce de dialogue à trois (Europe, gouvernements britanniques et français) ralentit le processus et crée des incompréhensions", juge Dimitri Rogoff, "Moi, j'appelle à renouer des relations bilatérales pour au moins éliminer certaines choses, fluidifier certains dossiers, amener des points techniques que nous seuls pouvons amener."  

 

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