Attention aux tritons ! Pendant deux à trois semaines, chaque nuit, des milliers de petits tritons quittent la mare de Vauville (50), où ils sont nés, pour passer l'hiver dans la campagne alentour. Tout cela sous les yeux bienveillants, protecteurs et observateurs de scientifiques et de bénévoles.
"Ils traversent assez vite", note Françoise, une habituée du comptage de tritons. Avec d'autres bénévoles, elle aide au recensement de ces amphibiens. Une opération réalisée par temps humide, au moment où les tritons cherchent à se mettre à l'abri et s'éloignent de la mare où ils sont nés, en traversant la route. D'ailleurs, durant une semaine, dans la presqu'île de la Hague, la petite route du Thot est fermée à la circulation afin de permettre à cette migration de s'effectuer en toute sécurité.Depuis 2018, la route est fermée à la circulation pendant les migrations. "Ici c'est pas une avenue, il ne passe pas beaucoup de voitures" admet Françoise, "mais il suffit d'un véhicule pour que ça fasse beaucoup de dégats. Sur toute la longueur et avec le nombre de petits qui se promènent partout et qu'on trouve à chaque pas... D'où l'intérêt de les protéger, de les faire traverser et de temps en temps, couper la route avec la barrière pour qu'ils aient, au moment le plus fort de la migration, plus de chance d'atteindre leur refuge de l'autre côté. Ils vont se mettre à l'abri dans les prairies pour un certain nombre d'années"
Les tritons attendent la pluie pour faire le grand saut. Quand la nuit est fraîche, ils s'élancent imprudemment sur le goudron humide et traversent la route.
On ne sait pas quel type d'abri ils affectionnent, mais on suppose qu'ils utilisent les murets, les buissons, les anciens terriers de micro mammifères pour passer l'hiver et se protéger du froid.
Des milliers de tritons, de toutes tailles, sont observés à Vauville
Il faut un oeil exercé pour repérer les plus petits specimen dans le faisceau des lampes. La migration de l'automne est leur première escapade. C'est une émancipation. Les tritons naissent dans la mare de Vauville. Cette grande flaque d'eau de 9 hectares qui se remplit avec les pluies est encore protégée par une dune que la mer grignotte peu à peu. C'est une curiosité de la nature, un véritable sanctuaire pour les amphibiens.Chaque soir, une poignée de bénévoles scrute la chaussée afin de dénombrer les tritons et de les classer par espèces. Cinq d'entre-elles sont représentées ici :On estime, en fonction des années, entre 30.000 ou 60.000 le nombre de tritons qui traversent la route, donc potentiellement on en a beaucoup plus qui vivent dans la mare.
- le triton marbré
- le triton crêté plus foncé que le marbré, sur le dos et sur le ventre. Il est jaune avec des tâches noires. On l'appelle crêté parce qu'au printemps, il aura une crête très importante sur la tête. Sur les sites où une des populations est en sous-effectif par rapport à l'autre, ces deux espèces s'hybrident et forment une autre espèce qui s'appelle le triton de blasus
- le triton de blasus, l'hybride, a les caractéristiques des deux espèces : sur le dos, il est marbré vert et il a le ventre jaune avec des tâches noires, comme le crêté
- le triton alpestre est gris et a le ventre orange sans tâche
- le triton palmé est le plus petit des cinq de la réserve, il est brun très clair, presque beige. C'est lui qui est le plus écrasé sur la route. Il est trop petit pour espérer être visible.
Au printemps, des femelles adultes traverseront la route dans l'autre sens. Des années après la première migration, elles vont retrouver leur chemin pour être fécondée dans la mare où elles sont nées.Où se trouve la mare de Vauville ? Réponse ci-dessus (Zoom possible).