En quelques jours, le taux d'incidence dans la Manche s'est littéralement envolé dépassant depuis hier les 250 cas positifs pour 100 000 habitants. Selon certains médecins, le phénomène pourrait s'expliquer par la présence du variant anglais dans le département.
Depuis un peu plus de deux semaines, le nombre de cas détectés dans le département de la Manche suit une courbe à l'augmentation brutale et inquiétante. Le taux d'incidence (nombre de cas positifs pour 100 000 habitants) est passé de 117 le 08 janvier à 236 quinze jours plus tard et a finalement atteint 251 ce mardi 27 janvier 2021.
Impact direct de ce phénomène : les hopitaux du département sont en tension, plusieurs d'entre eux (Cherbourg, Avranches-Granville) ont déclenché le plan blanc.
"L'impact a été brutal, explique Joanny Allombert le directeur de l'hôpital d'Avranches-Granville, il nous a obligé à mettre en place une deuxième unité COVID, il nous a aussi forcé à déprogrammer certaines opérations chirurgicales. La situation est plus déstabilisante que lors de la première vague. Nous avons doublé le nombre de personnes hospitalisées pour cause de COVID en quelques jours. Aujourd'hui 46 personnes infectées sont prises en charge au sein de l'établissement."
Nous avons doublé le nombre de personnes hospitalisées pour cause de COVID en quelques jours. Aujourd'hui 46 personnes infectées sont prises en charge au sein de l'établissement.
Aucune étude pour expliquer le phénomène n'a encore été réalisée. Mais d'après Emmanuel Piednoir, infectiologue au sein de l'hopital Avranches-Granville, cette augmentation impressionnante du nombre de cas dans le département pourrait être liée à plusieurs facteurs.
"En premier lieu, le fait que la Manche ait été relativement peu impactée jusqu'à maintenant peut favoriser la circulation du virus puisque peu de gens ont été en contact, par conséquent peu de personnes sont immunisées. Il y eu aussi beaucoup d'épidémies dans les EHPAD du département, ce sont des milieux clos, où il peut être difficile de respecter les gestes barrières, le virus circule très rapidement, et touche aussi bien les résidents que le personnel soignant. Ensuite il y a peut-être une troisième explication, qui n'est pas encore validée scientifiquement, mais il y a très probablement le variant anglais qui doit circuler en Normandie, on connait les liens entre la Normandie et la Grande Bretagne.
Le fait que la Manche ait été relativement peu impactée jusqu'à maintenant peut favoriser la circulation du virus puisque peu de gens ont été en contact, par conséquent peu de personnes sont immunisées
Un cas de variant anglais à Vire
Les craintes du docteur Piednoir se sont confirmées. Ce jeudi 27 janvier, l'Agence régionale de santé a confirmé qu’un cas a été détecté dans le Bocage virois. La personne a été déclarée positive à la covid-19 il y a une quinzaine de jours. Elle a été isolée et a respecté scrupuleusement son isolement. "Aujourd'hui, elle ne l'a plus, ni même ses cas contacts qui ont été limités au cercle familial et qui étaient au nombre de neuf ", explique-t-on à l'ARS qui n’exclut pas la présence d’autres contaminations de ce type au sein de la population du Bocage.
Des campagnes de dépistage ont donc été mises en place à Valdallière et à Vire Normandie pour essayer d'enrayer rapidement la contamination. Une recherche de la présence éventuelle de virus variant sera faite après échantillonnage.
Contre le variant anglais : les gestes barrière
Les personnes qui, jusqu'à présent, ne respectaient pas rigoureusement les mesures barrières, avec un virus qui était moins contagieux, n'entraînaient pas forcément les mêmes conséquences. "Ce qui change aujourd'hui, c'est que ces mêmes comportements vont engendrer un évènement beaucoup plus important avec un nouveau variant beaucoup plus contagieux, insiste Guy-Claude Borderan, médecin hygiéniste à l'hôpital Avranches-Granville. "Plus que jamais les mesures barrières doivent donc être respectées : port du masque, qui une fois posé sur le visage ne doit pas être manipulé et lavage des mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique le plus régulièrement possible. Nous avons peut-être à faire face aujourd'hui à un virus beaucoup plus contagieux qu'il ne l'était il y a quelques mois."
Ce qui change aujourd'hui, c'est que ces mêmes comportements vont engendrer un évènement beaucoup plus important avec un nouveau variant beaucoup plus contagieux
Afin d'éviter un éventuel engorgement lié à cette augmentation du nombre de cas, les services de réanimation des hopitaux de la Manche se sont constitués en réseau. Un réseau qu'ils ont étendu aux établissements de l'ensemble de l'ex Basse-Normandie. Une opération qui permettra de mieux répartir les malades en cas de besoin.