Le lancement de l'EPR de Flamanville, première tâche du nouveau gouvernement ?

L'une des dernières tâches du gouvernement démissionnaire ou l'une des premières des futurs ministres sera de lancer le nouveau réacteur nucléaire français EPR de Flamanville (Manche), censé livrer ses premiers électrons à la fin de l'été. On fait le point sur le calendrier.

12 ans après le calendrier prévu initialement, l'EPR de Flamanville devrait être lancé avant le 21 septembre. C'est en tout cas ce qu'a déclaré, en mars dernier, EDF, dont l'actionnaire unique est l'Etat, indiquant que le nouveau réacteur à eau pressurisée, le 4e de ce type installé dans le monde, injecterait pour la première fois des électrons dans le réseau électrique français "à l'été 2024".

Toujours pas "d'autorisation de divergence"

L'exploitant des centrales nucléaires a reçu le 7 mai le feu vert de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour la mise en service du 57e réacteur français, installé à côté de deux plus anciens, à Flamanville dans la Manche. EDF a alors immédiatement procédé au chargement de 60 000 crayons de combustible nucléaire dans la cuve du réacteur. L'étape de chargement, clé pour le lancement progressif de la production d'électricité, s'est achevée à la mi-mai.

Début juillet, une note d'information d'EDF prévoyait que la première divergence du réacteur EPR - c’est-à-dire la première réaction de fission nucléaire - interviendrait "en juillet", et que le couplage au réseau - c'est-à-dire la première livraison d'électricité - se ferait "durant l'été", lorsque le réacteur aurait atteint 25% de sa puissance.

Le 6 juillet, son PDG Luc Rémont a ajouté que l'opération de divergence était "imminente" et que les délais se comptaient "en jours ou en semaines". Mais EDF devait solliciter et obtenir un autre feu vert de l'ASN avant de lancer la première réaction nucléaire. Or, l'ASN "n'a pas encore reçu la demande d'autorisation de divergence pour le réacteur EPR de Flamanville", a affirmé l'autorité vendredi 23 août à l'AFP, sans autre explication.

Une plainte contre X déposée par des associations antinucléaires

EDF a souligné à cette occasion être "toujours en phase d'essais et de contrôle de matériels". Les essais à froid se sont terminés le 10 juillet, et les essais à chaud ont eu lieu par la suite en montant le réacteur à 155 bars et 303 degrés.

Parallèlement, des associations (Réseau Sortir du nucléaire, Criirad, Crilan, Global Chance, Robin des Bois et Greenpeace) ont déposé le 8 juillet "un recours devant le Conseil d'Etat" contre la décision du 7 mai de l'ASN d'autoriser la mise en service de l'EPR.

Le 23 juillet, elles ont également déposé, avec France Nature Environnement, une plainte contre X à Cherbourg et Paris, à la suite d'irrégularités constatées par l'ASN sur des pièces de l'EPR.

"EDF est concentrée sur le calendrier technique, et engagée dans un dialogue technique continu avec l'ASN", a indiqué l'exploitant vendredi, en confirmant son planning de démarrage avec un "couplage prévu d'ici la fin de l'été 2024", suivi d'une "montée en puissance d'ici la fin de l'année".

Un chantier sans fin

À 1 650 mégawatts, ce sera le réacteur le plus puissant du parc nucléaire français, et sa mise en service sera une première depuis près d'un quart de siècle au pays de l'atome. 800 personnes y travailleront à terme, dont 200 sous-traitants.

La construction du réacteur, logé sous un dôme de 50 mètres de diamètre, a duré 17 ans, un chantier émaillé de déboires et retards : fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l'acier de la cuve, et défauts de soudure sur les traversées de l'enceinte de confinement.

À lire aussi : Six mois de retard supplémentaire pour l'EPR de Flamanville : un chantier sans fin...

Le retard a aussi été attribué à "un défaut d'organisation du suivi du projet par EDF" et à un "manque de vigilance des autorités de tutelle" par la Cour des comptes, dans un rapport de juillet 2020. La facture totale est désormais estimée à 13,2 milliards d'euros par EDF, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards. En 2020, la Cour des comptes l'avait évaluée à 19 milliards, en comptant notamment les "surcoûts de financement".

Deux réacteurs nucléaires EPR de nouvelle génération ont été mis en service à Taishan en Chine et un troisième à Olkiluoto en Finlande.

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