Dans le cadre du projet scientifique Fish Intel, un millier de poissons et crustacés qui vivent dans la Manche ont été équipés d'émetteurs acoustiques. L'objectif est de mieux identifier leurs habitats et comprendre l'impact des parcs éoliens en mer.
Le projet scientifique mené en Manche a été baptisé Fish Intel : depuis l'été 2022, près de 1 000 poissons et crustacés ont été équipés, par chirurgie et sous anesthésie, d'émetteurs sonores qui envoient un signal toutes les trois minutes.
190 récepteurs placés le long des côtes françaises, anglaises et belges sont capables de détecter ce marquage acoustique puis d'enregistrer l'heure et la date de passage du poisson à proximité.
Ces données permettent de suivre à la trace l'activité de cette faune marine et notamment de mieux comprendre le mode de vie des espèces de grande valeur commerciale comme le bar, le lieu jaune, le thon rouge, la dorade grise et la langouste.
L'idée c'est d'identifier les habitats essentiels dans le cycle de vie des poissons: où sont-ils? Quelles zones fréquentent-ils?
Mathieu Woillez, chercheur en écologie marine à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) à Brest
Depuis quelques années, les pêcheurs sont "plus qu'alarmistes sur l'état du stock de lieus jaunes et ils aimeraient bien savoir comment se comporte ce poisson" et "avoir une véritable évaluation du stock", explique Erwan Quemeneur, coordinateur adjoint du comité départemental des pêches du Finistère.
Des données sur 64% des poissons marqués
Avec moins d'un an de recul, les capteurs de Fish Intel ont déjà livré leurs premières données, détectant au moins une fois plus de la moitié (64%) des poissons marqués en Manche.
"Le réseau est opérationnel. Il fonctionnera probablement pendant une décennie ou plus. C'est un ouvrage vraiment passionnant pour l'avenir", s'est réjouie Lucy Hawkes, chercheuse à l'Université d'Exeter, lors de la conférence de fin du projet Fish Intel à Plymouth.
D'autant que les poissons marqués pour Fish Intel peuvent être détectés par d'autres réseaux similaires en Europe. C'est notamment le cas des récepteurs mis en place dans les parcs éoliens en mer par l'institut France Énergies Marines (FEM, financé en partie par les industriels du secteur).
Mesurer l'impact des parcs éoliens en mer
"On a très peu de savoirs sur comment les animaux occupent leur espace. L'objectif, c'est d'apporter des connaissances écologiques de base pour évaluer l'effet des parcs éoliens en mer", déclare Lydie Couturier, chercheuse en écologie marine à FEM.
Dans le projet Fishowf, 160 raies brunettes ou bouclées, roussettes et autres requins-taupes ont été marqués "pour savoir comment cette augmentation de câbles sous-marins peut affecter les espèces sensibles aux champs électromagnétiques", ajoute la chercheuse. Ces espèces repèrent en effet certaines proies grâce aux champs électromagnétiques.
avec AFP