Un projet de cinq éoliennes sur la commune de Picauville a suscité la colère de l'association des Amis des vétérans américains (AVA). En cause : la proximité avec la Drop zone où se déroulent chaque année les parachutages en commémoration du Jour J.
Le projet d'éoliennes
Il s'agit d'un projet de cinq éoliennes de 4 MW, porté par la société Aalto Power, en cours d’études dans la zone du château d’eau, entre les villages de Gueutteville, Caponnet et les Ais, à Picauville (Manche)."Il s'agit pour l'heure d'une proposition que nous avons reçue d'un développeur recommandé par le Conseil départemental, explique Philippe Catherine, le maire de Picauville. J'ai voulu en informer le conseil municipal le mois dernier, d'autant que deux des parcelles concernées du terrain pressenti appartiennent au CCAS de la commune. Le développeur a déjà ouvert un pré-dossier et fait des démarches auprès des propriétaires privés, et il semble qu'il n'a pas ressenti de levée de boucliers."
S'il voit le jour, ce projet serait installé à Picauville, entre la Fière et Chef-du-Pont, sur un point haut côté ouest de la rivière du Merderet, à un peu plus d'1 kilomètre du pont de la Fière mais reconnaît le maire, se verrait côté Est, là où se trouve le Mémorial des parachutistes américains et la Drop zone actuelle.
Des retombées fiscales intéressantes
Pour cette commune de 3 500 habitants, une implantation de cinq éoliennes représenterait une manne financière pour la commune de 80 000 euros par an sur 30 ans et pour la communauté de communes de 95 000 euros sur 30 ans également.Mais le maire, élu depuis 1983, insiste, "j'ai ouvert le débat et ma position sera celle de la commune. Et il faudra de toute façon une enquête publique."
La prochaine étape : attendre la réponse de l'armée américaine. Philippe Catherine a pris contact avec elle pour savoir si elle émettrait des réserves, mais n'a pas reçu de réponse à ce jour.
L'association des Amis de vétérans américains (AVA), vent debout contre tout projet d'éoliennes
Informé de ce projet, le Président de l'Association des amis de vétérans américains (AVA) a fortement réagi. Maurice Renaud, dont le père était maire de Sainte-Mère-Eglise en 1944, se dit prêt à "tous les recours possibles" et envisage de lancer une pétition aux Etats-Unis."Imaginez des éoliennes à Verdun !, s'indigne-t-il, en rappelant qu'au pont de la Fière, plus de 500 soldats américains sont morts en deux jours. "Pour la 82ème Airborne, leur famille, ce lieu historique est la Mecque des parachutistes. Avoir des éoliennes, ce serait de la pollution visuelle."
Maurice Renaud indique également dans un courrier adressé au maire de Picauville que "la présence d'éoliennes dans ce secteur interdira les parachutages commémoratifs que nous effectuons chaque année", en rappelant que 120 000 spectateurs s'étaient déplacés à cet événement pour le 75ème anniversaire du Débarquement.
L'American Legion défend le sanctuaire des combats
Le Président de l'AVA a également transmis au maire de Picauville, une lettre de l'association de l'American Legion, qui compte 3 millions de membres. Dans cette lettre, le commandant James W. Bill Oxford, exprime "son opposition au projet d'éoliennes dans le sanctuaire des combats de juin 1944 à la Fière et Chef du Pont."Il rappelle en outre dans cette lettre la résolution votée en mai 2016 qui a scellé la collaboration entre l'American Legion, les Amis des vétérans Américains et la mairie de Sainte Mère-Eglise pour protéger le site historique du Mémorial des Parachutistes américains.
"Mais l'American Legion n'est pas l'armée américaine, précise le maire de Picauville. Moi j'attends d'abord une réponse de l'armée américaine pour avoir un éclairage factuel sur la possibilité -ou non- de réaliser des parachutages qui seront à 1 kilomètre du projet éventuel d'éoliennes." L'élu normand a également sollicité l'expertise de l'armée française sur la question de la drop zone. Il affirme ne pas se contenter de l'avis de la société privée porteuse du projet éolien sur la question. Une remise en question des commémorations aériennes signerait surement l'arrêt de mort du projet.