L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a "alerté" ce mardi 2 juin sur le risque de "saturation" des piscines de l'usine Orano de La Hague. Ces équipements permettent de refroidir les combustibles irradiés sont refroidis avant de les retraiter.
Il y a deux ans déjà, plusieurs voix s'élevaient pour alerter sur la situation des piscines du site Orano de la Hague, où sont immergés les combustibles irradiés pour être refroidis avant d'être retraités. Yannick Rousselet, le chargé des questions nucléaires de Greenpeace France, indiquait, très alarmiste, qu'on était "à six mois de la saturation". L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), le bras technique de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), se montrait plus nuancé tout en évoquant une situation "globalement très tendue". Ce mardi 2 juin, c'est le gendarme du nucléaire qui a tiré la sonnette d'alarme lors de son bilan annuel.
"On attend des exploitants", EDF et Orano, "qu'ils prennent le sujet en main pour aboutir au plus tôt à la création de capacités d'entreposage soit sous eau soit à sec mais en tout cas sûres, du combustible usé", a averti Adrien Manchon chef de la division normande de l'ASN. "A très court terme et à court terme, on ne court pas de risque (...) néanmoins, à plus long terme, il y a nécessité de trouver une solution d'entreposage du combustible usé", a-t-il ajouté. Or "construire une installation qui entrepose des déchets nucléaires, ça prend du temps. C'est un sujet qui doit être pensé au plus vite", a souligné M. Manchon.
10 000 tonnes de combustibles irradiés
Selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), une saturation des piscines de La Hague, où refroidissent environ 10.000 tonnes de combustibles irradiés, peut bloquer progressivement tous les réacteurs français. En 2018, l'IRSN estimait que les piscines de La Hague seraient pleines au plus tard "peu après 2030". Le bras technique de l'ASN avait indiqué à l'AFP qu'en "un à deux ans" les piscines de La Hague seraient remplies, si l'usine, qui vieillit, s'arrête et ne redémarre pas.Au 1er janvier 2016, le pourcentage d'espace disponible dans les piscines de La Hague était de 7,4%. La quantité de combustibles augmente d'une "petite centaine de tonnes" par an car EDF envoie plus de combustibles à La Hague qu'Orano n'en retraite, selon l'IRSN. Lors de l'annonce du confinement en mars, une partie des activités de retraitement des déchets nucléaires de La Hague a été mise en suspens avant de redémarrer progressivement mi-avril.
En 2018, la députée LREM Barbara Pompili, demandait que soit examinée la piste d'un "entreposage à sec" des combustibles usés, répandu dans les pays étrangers, qui ne pratiquent pas le retraitement, exception française.