Sur le site d'Orano la Hague, les piscines seront bientôt saturées. EDF doit lancer la construction d'un nouveau bassin en France. L'électricien privilégie le Cotentin.
"Nous n'aurions su accepter que notre si belle région devienne la poubelle nucléaire de la France", déclarait récemment François Bonneau, président du conseil régional Centre-Val de Loire. Ce rôle pourrait une nouvelle fois échoir au Cotentin. Après avoir renoncé à son projet de piscine sur la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, EDF s'est rabattu sur la Hague. " On a demandé à Orano de réaliser une étude de faisabilité pour l'implantation d'une nouvelle piscine d'entreposage à La Hague", a indiqué à l'AFP une porte-parole de l'électricien. Ornao doiyt rendre ses conclusions en fin d'année.
En France, les combustibles nucléaires usés sont entreposés en piscine quand ils sortent du réacteur très chauds et radioactifs, d'abord quelques années dans l'enceinte de la centrale puis sur le site Orano de La Hague avant leur éventuel traitement. Mais ce dernier est en passe d'atteindre ses limites. Les piscines d'entreposage de La Hague risquent d'arriver à saturation autour de 2030. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui évoque une saturation des capacités d'entreposage "entre 2025 et 2035", juge qu'il est urgent de lancer le projet d'un nouveau bassin centralisé, qu'elle devra auparavant autoriser.
"Le problème est connu depuis longtemps et construire une telle installation, ça va prendre dix ans. Donc c'est vraiment urgent", estimait récemment le président de l'ASN Bernard Doroszczuk devant des parlementaires. "En régime normal, sans aléa, la saturation arrive autour des années 2030", a aussi souligné jeudi dernier Jean-Christophe Niel, directeur général de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) lors d'une audition. Mais "le remplissage peut être beaucoup plus rapide", en cas d'aléa, a-t-il souligné.
Si François Bonneau, président du conseil régional Centre-Val de Loire, a salué "une très belle victoire, pour nos habitants et notre territoire", pour le Normand Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire chez Greenpeace, le choix de l'implantation n'est pas le coeur du problème. "Qu'il soit envisagé à La Hague, à Belleville-sur-Loire ou ailleurs, ce projet de piscine reste un non-sens. Il n'existe que pour entretenir l'illusion d'un possible retraitement des combustibles irradiés, qui n'aura pas lieu". Et de dénoncer "le manque d'anticipation d'EDF et du gouvernement quant à la saturation des piscines d'entreposage de combustibles déjà existantes".