Quand le gymnase a été ouvert en urgence ce week-end, 54 personnes y ont trouvé refuge, beaucoup plus que ce qu'attendaient les services de l'état. Le préfet de la Manche se demande si des passeurs n'ont pas profité de l'opportunité. Faux répond le collectif saint-lois qui leur vient en aide.
D'où sortaient-ils ? C'est un peu la question que pose le préfet de la Manche. Au mois de juin, la préfecture avait constaté l'installation de quelques familles albanaises dans des campements de fortune à Saint-Lô. Le week-end dernier, les fortes pluies ont rendu le terrain impraticable. "J'ai demandé au maire de Saint-Lô d'ouvrir une salle afin de les mettre à l'abri, explique Jean-Michel Sabathé. Nous avions identifié dix-huit personnes. Mais lundi, ils étaient cinquante-quatre dans la salle : vingt-sept adultes et vingt-sept enfants".
Le préfet s'interroge donc : des réseaux de passeurs en ont-ils profité pour faire venir ces personnes de Caen ou d'ailleurs ? À moins qu'elles n'aient bénéficié jusqu'ici d'un soutien de "réseaux militants" ?
Jean-Michel Sabathé, préfet de la Manche
"Toutes les familles étaient connues des autorités, assure le collectif saint-lois d'aide aux migrants. Elles sont inscrites à France Terre d'Asile. Des demandes d'hébergement avaient été faites auprès de la préfecture. Et ces personnes auraient été à la rue si on n'avait pas trouvé un petit local ici ou là dans des associations".
Françoise Vincent, collectif d'aide aux migrants :
Des Albanais, mais aussi des Tchétchènes, des Ouïghours et des Kazakhs
Mardi, le préfet de la Manche a lancé un appel à l'aide afin de trouver un toit à ces familles, pour quelques temps seulement : il soulignait que la plupart sont originaires d'Albanie et qu'elles ont vocation à retourner dans leur pays. "C'est un pays sûr", écrivait-il en soulignant que l'OFPRA leur refuse l'asile dans plus de 80 % des cas. "Ils viennent en France. Ils demandent l'asile. Ils sont en cours de procédure. C'est l'OFPRA qui doit déterminer s'ils sont légitimes à demander l'asile", répond le collectif.
Une recensement a été effectué mardi matin, il est établi que vingt personnes de nationalité albanaise sont été déboutées de leur demande d'asile. "Elles ont vocation à partir", tranche le préfet. Les autres disposent de récépissés de demande d'asile. Certaines sont effectivement albanaises. Mais d'autres sont Ouïghours ou russophones, originaires par exemple de Tchétchénie, et du Kazakhstan.
La préfecture leur cherche un toit. "Actuellement, 650 personnes sont hébergées par la préfecture. Les structures sont pleines. Et nous sommes dans une petite ville. Il n'y a pas beaucoup d'hôtels disponibles" explique Jean-Michel Sabathé. Le préfet "en appelle au sens civique de chacun (...) pour tenter de passer avec humanité et dans le respect des lois de la république une période difficile pour ces personnes, dit-il, arrivées à Saint-Lô sans l'avoir choisi".