Le 7 mars, le centre de soins non programmés a ouvert ses portes pour remplacer les urgences de Valognes fermées en août dernier. Chaque jour, plus d'une vingtaine de patients fréquentent les lieux pendant les horaires d'ouverture de 8 heures à 18h30.
"Ca vous fait mal si j'appuie là madame ? " Janine, 85 ans, souffre le martyr depuis deux semaines. Elle a fait une mauvaise chute à son domicile à Picauville. Depuis, la patiente de 85 ans n'a pas consulté. Aujourd'hui, en faisant la vaisselle, elle s'est rendue compte qu'elle ne pouvait plus bouger le bras. Anthony Le Renard, médecin urgentiste, également chef de pôle des services de médecine intensive, tente de localiser la douleur. "Nous traitons la traumatologie qui ne nécessite pas de plateau technique conséquent. Nous ne pouvons pas gérer les urgences vitales comme les arrêts cardiaques et les AVC. Dans ce cas, c'est le SMUR qui s'en charge. C'est pour cette raison qu'il est important de composer le 15 en cas d'urgence. Ce centre de régulation vous oriente, ou vous prend en charge avec un véhicule médicalisé si nécessaire. Le patient est ainsi transporté à Chebourg si sa pathologie est trop grave."
Des horaires de bureau
Le centre de soins non programmés de Valognes est ouvert de 8 heures à 18h30, aux horaires de bureau. "Les gens ne savent plus trop comment ca marche. On était fermés pendant les vacances scolaires. On est fermé les jours feriés..." regrette Antoine Leforestier, infirmier CGT au centre de soins. Xavier Biais, membre de la direction du centre hospitalier public du cotentin expique que "70 à 80% des passages se faisaient dans cette tranche horaire aux urgences de Valognes. C'est pour cette raison que nous avons pris cette décision."
"On ne se soigne plus"
Suite à la fermeture des urgences, en août dernier, une association de patients et de citoyens s'est constituée. Elle compte 650 adhérents. A sa tête, Rémi Besselièvre. L'infirmier libéral, qui se déplace à domicile à Valognes, est complétement débordé. " Les personnes âgées et isolées, celles en situation de handicap, ou bien encore celles qui n'ont pas le permis, ne se déplacent plus. Du coup, elles ne se soignent plus ou laissent passer trop de temps avant de le faire. L'éloignement des services de santé n'arrange pas les choses. Avant, avec les urgences, au moins, elles n'avaient pas autant de kilomètres à faire. Et surtout, elles ne s'apprêtaient pas à patienter 5 heures sur un brancard dans les couloirs des urgences à Cherbourg."
Pas assez de médecins urgentistes
La direction n'a pas de solution. Impossible d'ouvrir plus longtemps et impossible de prendre en charge des urgences plus lourdes. Xavier Biais rappelle que "le budget n'est pas un problème. C'est le recrutement de médecins urgentistes qui est problématique. C'est pour cette raison que nous avons dû fermer les urgences. Aujourd'hui, avec la ressource dont nous disposons, c'est ce que nous pouvons faire de mieux."
Un centre "expérimental"
Le centre a ouvert le 7 mars. L'Agence Régionale de Santé, à l'initiative de ce centre alloue une subvention de 400 000 euros annuels pour accompagner la nouvelle structure. "Pour le moment, une vingtaine de patients fréquentent le centre, avec l'aide de l'ARS, les comptes sont équilibrés, mais on aimerait faire mieux" précise Xavier Biais.Reportage Elise Ferret et Claude Leloche
Janine: 85 ans
Rémi Besselièvre, association de défense du CHPC et de la Promotion de la Santé
Anthony Le Renard, chef de pôle des services de médecine intensive
Antoine Leforestier, infirmier CGT
Xavier Biais, direction du Centre hospitalier public du Cotentin