Dans le cadre de sa recherche d'un nouveau Premier ministre, Emmanuel Macron a reçu Bernard Cazeneuve ce lundi 2 septembre matin. Une grande partie des membres du Nouveau Front Populaire estime que l'ancien socialiste n'est pas un homme de gauche et rejette l'hypothèse de sa nomination à Matignon.
Bernard Cazeneuve à Matignon ? Une hypothèse qui fait grincer les dents d'une large partie du Nouveau Front Populaire et notamment, en tête, La France Insoumise. Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon, le leader des insoumis, a estimé le 29 août que la nomination de l'ancien chef du gouvernement comme Premier ministre ferait non seulement "des dégâts dans les rangs parlementaires du PS" mais qu'elle "affaiblirait (...) mécaniquement" le NFP. "Pour autant, si cela se faisait, rien ne serait stabilisé en général d'aucune façon", avance le leader des insoumis, prédisant que "la crise ne fait que commencer".
Ce matin, @BCazeneuve était reçu par le président de la République. En septembre 2022, il était notre invité sur le plateau de "Dimanche en politique". Voici ce qu'il déclarait sur sa recherche du compromis et son opposition à @JLMelenchon.#politique #1erMinistre pic.twitter.com/AdcTrmgqTY
— France 3 Normandie (@f3normandie) September 2, 2024
Bernard Cazeneuve, l'ennemi de LFI
Durant le week-end, les socialistes ont étalé leurs divisions sur le positionnement à adopter face à la nomination d'un chef de gouvernement autre que Lucie Castets."Bernard Cazeneuve n'est soutenu par aucun des quatre partis de gauche du pays", a de son côté affirmé le coordinateur de LFI, Manuel Bompard chez nos confrères de franceinfo.
Depuis juin 2022, Bernard Cazeneuve est l'ennemi juré de la France Insoumise. Après 35 ans de bons et loyaux services, l'ancien député de la Manche avait claqué la porte du PS, à l'aube des législatives. Dans un post Facebook, ce dernier estimait qu'un accord entre le Parti Socialiste et la France Insoumise était une ligne rouge à ne pas franchir. Il avait ajouté que les dirigeants du PS "avaient perdu leur boussole".
À l'époque, Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon avait estimé "que le départ de Bernard Cazeneuve a autant d'impact que la disparition de l'horloge parlante".
"Le PS s'est laissé toutouiser par Mélenchon"
En septembre 2022, dans un entretien chez nos confrères du Journal du Dimanche, Bernard Cazeneuve réclamait une autre gauche. "La gauche est sous la domination de Jean-Luc Mélenchon et la direction du PS s'est laissée "toutouiser"", après l'accord sur la NUPES, selon l'ancien député de la Manche.
À ces propos, Olivier Faure avait déclaré à France Inter-France Info-Le Monde que l’expression l’avait amusée. Bernard Cazeneuve s’est "mélenchonisé" en utilisant ce terme de "toutouisé", du registre de LFI, avait-il taclé. "Nous sommes à l’approche d’un Congrès, il y a des gens qui cherchent à créer de la tension, c’est le jeu", avait ajouté le dirigeant du PS.
Sur le plateau de Dimanche en Politique, le 11 septembre 2022, Bernard Cazeneuve déclarait à France 3 Normandie: "Jean-Luc Mélenchon incarne, par son discours, ses références, sa manière de mise en cause des personnes qui ne pensent pas comme lui, une violence politique à laquelle je n'adhère pas".
Un candidat sérieux à Matignon
Le président de la République a décidé en début de semaine dernière de couper court à la candidature de Lucie Castets, portée par le Nouveau Front populaire.
Le jeu de "qui est-ce ?" se poursuit donc. L'ancien député de la Manche a été reçu à l'Élysée par Emmanuel Macron, ce lundi 2 septembre vers 8 h 45. Selon le politologue Christophe Boutin, Bernard Cazeneuve pourrait être un candidat sérieux pour occuper le poste de Premier ministre, près de cinquante jours après les élections législatives anticipées, qui ont vu le Nouveau Front Populaire arriver en tête, sans obtenir de majorité : "Bernard Cazeneuve est effectivement bien placé. On comprend que même s'il y a des tirages avec le PS, les socialistes actuels envisagent plus difficilement de voter une motion de censure contre lui qu'un Premier ministre issu des Républicains par exemple", nous explique le politologue Christophe Boutin.
" C'est un ministre de l'Intérieur, un Premier ministre, ou encore un ministre du Budget qui n'a pas du tout choqué la politique des Républicains ou de cette droite républicaine. Il s'entend avec lui sur un certain nombre de principes", ajoute ce dernier.