Cindy Gelas est née à Tahiti d'une mère polynésienne et d'un père normand. Mais c'est l'héritage de son arrière-grand-père Louis, éleveur à Saint-Lô, qui coule dans ses veines. A 43 ans après une brillante carrière notamment dans la finance, elle se lance dans une grande aventure : créer sa propre ferme pédagogique à Tahiti.
"Je me sens aussi bien Tahitienne que Normande"
Tahitienne-Normande, c'est ainsi que se définit Cindy Gelas qui se sent "aussi bien Tahitienne que Normande". Née il y a 43 ans à Tahiti d'un père cherbourgeois et d'une mère polynésienne, Cindy a grandit dans les îles, élevée par ses grands-parents. Mais son héritage normand l'a toujours accompagnée et notamment cet arrière-grand-père Louis et ses frères, tous éleveurs à Saint-Lô. Cet arrière-grand-père qui, sur son lit de mort regrettera que ni son fils, ni son petit-fils n'ait repris le flambeau.
Au fond de moi, j'ai les gênes d'éleveur laitier !"
Cindy Gelas
Bon sang ne saurait mentir...
Avant son retour aux sources, Cindy a fait tout autre chose... Après de brillantes études commerciales, elle se retrouve directrice générale à tout juste 23 ans. Elle travaillera ensuite dans le secteur de la pêche en haute mer avant d'être recrutée par le gouvernement polynésien comme cadre dans le secteur incontournable du tourisme. Jusque-là, elle suit comme elle l'explique les injonctions de la société "Fais des études, fabrique ta carrière, sois au top !". Mais, paradoxalement c'est le décès de sa mère il y a deux ans qui va être le déclic et lui donner le courage nécessaire pour changer totalement de vie.
Je voulais accomplir mon rêve de petite fille : devenir fermière !
Cindy Gelas
Un engagement politique
Sa famille la prend alors un peu pour "une folle". Cindy, elle, affirme "je suis une rebelle".. et "j'ose". Son entourage va la soutenir mais également, et c'est essentiel pour son avenir le gouvernement polynésien. Son "noble projet" comme elle le nomme est de créer en Polynésie la première ferme pédagogique spécialisée en vaches laitières et pour la viande.
Son but final est d'importer un savoir-faire sur l'île mais surtout d'être capable de produire sur place. Les Polynésiens sont d'importants consommateurs de lait et de viande. Or, comme pour tout le secteur de l'alimentation, les îles sont dépendantes à 95% de l'importation. L'impact sur la vie quotidienne est énorme puisque, si le Smic est équivalent à celui de la métropole, la vie y est 8 fois plus chère. Le projet de Cindy prend alors une ampleur nationale. Il obtient beaucoup de soutien à la fois de la société tahitienne mais aussi du gouvernement. Il n'y a plus qu'à partir vers son autre région de coeur : La verte Normandie !
Fière d'être éleveuse et Normande !
Et donc, comme le dit malicieusement Anne Boétie, Cindy est arrivée il y a quelques mois avec "ses gros sabots" sur les terres de ses ancêtres normands. Passer "du Pays des rêves" comme le décrivait Pierre Loti au plancher des vaches normandes n'est pas chose aisée.. Après une période d'adaptation et quelques coups de blues (elle a laissé ses deux enfants au pays), Cindy avoue avoir "rencontré les bonnes personnes au bon moment". Elle partage son temps entre Maltot près de Caen où elle passe son Brevet professionnel agricole et le Sud Manche à Bricqueville-sur-Mer sur la propriété de l'éleveur Laurent Letouzey, son mentor. Ce dernier la juge "passionnée et motivée. Elle a soif d'apprendre et elle apprend très vite !" Une véritable perle !
Cindy se donne 3 ans en Normandie pour se former et décrocher un diplôme qui lui permettra de décrocher des financements des banques et des investisseurs polynésiens.
L'agriculture normande, c'est l'authenticité, une identité.
Cindy Gelas
Le projet final de Cindy Gelas est d'implanter une ferme pédagogique à Tahiti, sa "petite ferme normande typique" comme elle en rêve. Elle l'imagine en deux phases : la maîtrise du savoir-faire et un aspect plus technique, rédiger un cahier des charges pour tout le concept de la ferme.
Dans un premier temps, elle veut la doter de 8 vaches, 4 chèvres et 4 brebis laitières. Elle voudrait même faire venir des vaches normandes à Tahiti. Mais, elle étudie pour l'instant le type d'espèce qui serait le mieux adapté au climat humide et tropical et aux prairies limitées de son île. Elle veut également produire du fromage. Rien ne semble impossible à Cindy ! Elle espère surtout créer d'autres vocations et pourquoi pas développer le même concept dans les îles australes ou aux Marquises.
Voltaire écrivait : "On peut assurer que les habitants de Tahiti ont conservé dans toute sa pureté la plus ancienne religion de la terre".
Alors Fa'aitoito Cindy ! .. c'est à dire bonne chance en polynésien !
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