Le patron du magasin d'antiquités militaires de Saint-Côme du Mont (Manche) s'adresse au voleur présumé dans un post publié sur sa page Facebook : il lui laisse jusqu'au 30 septembre pour renvoyer le pantalon dérobé, sans quoi une plainte sera déposée. Est-ce de l'indulgence ? Ou du chantage ?
La première image montre un homme déambulant dans le rayon de la boutique, les bras ballants et le blouson ouvert. Sur une autre capture d'écran, le même individu apparaît dans une posture équivoque : ses bras sont refermés sur le blouson fermé légèrement bombé. Le commentaire qui accompagne cette publication sur Facebook commence ainsi : "Ce petit message s'adresse au "gentil" monsieur (...) qui est venu dans notre boutique le 20 août dernier à 10h33, et en est reparti à 10h38 avec un pantalon britannique original". Suivent trois photos dudit objet en toile de laine, cousu en 1942 et vendu à un prix proche de 500 € (tout de même...)
ALERTE VOLEUR
Paratrooper in Normandy qui vend des objets militaires de collection en lien avec le débarquement de juin 1944 propose alors une sorte de marché. Le voleur désigné a jusqu'au 30 septembre pour renvoyer le pantalon par la Poste. "Passé cette date, une plainte pour vol à l'étalage sera déposée à votre encontre à la gendarmerie de Carentan".Les (nombreux) commentaires se rangent dans deux catégories. La première rassemble ceux qui pensent peu ou prou comme Fabrice M : "Pas de sommations ! Gendarmerie direct !". La seconde regroupe ceux qui approuvent l'initiative, à l'image de Franck L. "Quelle générosité par ces temps difficiles. Respect. Tenez nous au courant. Courage à vous." Le patron de la boutique dit être étonné par ces réactions parfois passionnées, mais il assume : "ce monsieur a volé. On en a la preuve, explique Emmanuel Allain. On ne sait pas ce qui lui est passé par la tête. Je lui laisse une chance."
Chantage et présomption d'innocence
En d'autres-temps, la boutique aurait peut-être passé une petite annonce comme on jette une bouteille à la mer., mais à l'heure des réseaux sociaux, les images extraites de la vidéosurveillance trouvent une exposition inattendue. "Cet homme est présenté comme l'auteur des faits, mais en l'absence d'une enquête, il faut faire attention à la présomption d'innocence, prévient un magistrat que nous avons contacté. Mais je ne vois pas là de chantage", ajoute-t-il. Ce même magistrat souligne qu'il n'est pas besoin de plainte pour que des poursuites soient engagées."On est dans un petit milieu, souligne Emmanuel Allain. C'est un petit monde. Forcément, ce monsieur connaît notre page Facebook. Il doit avoir des amis qui la partagent." Le patron du magasin espère aussi attirer l'attention sur les vols et les cambriolages devenus semble-t-il fréquents chez les collectionneurs. Il va donc surveiller attentivement sa boîte aux lettres, avec l'espoir de récupérer le pantalon. "Si on peut éviter une plainte... " soupire-t-il, fataliste. "J'attends..."