Le festival du cinéma américain de Deauville rend hommage ce vendredi soir au pape du film à grand spectacle. Michael Bay est revenu, au cours d'une conférence de presse, sur sa façon de travailler et sa conception du cinéma.
Bad Boys 1 et 2, The Rock, Armageddon, Transformers, la plupart des plus gros blockbusters d'action de ces 20 dernières années figure sur la filmographie de Michael Bay. Le roi de l'explosion, le prince de la destruction massive c'est lui. Le drame intimiste caméra à l'épaule, ce n'est pas trop son genre. Son cinéma est aux antipodes de celui présenté en compétition à Deauville. Le festival du cinéma américain a pourtant choisi de lui rendre hommage ce vendredi soir.
Celui que Steven Spielberg aurait qualifié de "meilleur oeil d''Hollywood" a, quoi qu'en disent ses détracteurs, un véritable style, une patte qui le distingue du tout-venant des "yes-man" d'Hollywood. Parmi ses marques de fabrique, on citera notamment le fameux travelling circulaire à longue focale en contre-plongée sur ses héros, un plan particulièrement iconique qu'on retrouve dans nombre de ses films. Michael Bay est définitivement un homme d'image.
"Je storyboarde très peu, je n'en ai pas besoin. Toutes mes images sont dans ma tête. Je visualise dés les phases de repérage et j'aime expérimenter sur le plateau de tournage. Je ne tourne pas des heures et des heures comme certains réalisateurs, je sais ce que je veux, je sais déjà où je couperai mon plan. Le montage a peu d'influence sur la construction du film. Mais il permet en revanche d'intégrer les cadeaux que vous font parfois les acteurs".
Quand vous pouvez créer des images pour des écrans immenses, c'est dommage de s'en priver
Alors que la fiction télévisuelle est jugée, depuis plusieurs années, plus créative que sa grande soeur cinématographique, et que des acteurs et réalisateurs connus sont de plus en plus attirés par le petit écran, Michael Bay, lui, ne semble pas prêt à franchir le pas. "Je produis pour la télévision (des séries comme Black Sails). La télé câblée a permis l'avènement d'une nouvelle ère de la mise en scène et du travail avec les acteurs", reconnaît le réalisateur, "mais ce n'est que de la télé. Quand vous pouvez créer des images pour des écrans immenses, c'est dommage de s'en priver".
Michael Bay est avant tout un amoureux du cinéma. Interrogé sur les films sortant directement sur des plateformes numériques, il s'est montré peu satisfait par cette évolution. "Le cinéma c'est le grand écran. C'est triste de voir des gamins regarder des films sur leur smartphone. On perd plein de choses, de détails sur un petit écran. De plus, le cinéma c'est aussi une expérience collective. Un film doit être vu dans une salle de cinéma".
Si Michael Bay n'entend pas quitter le cinéma, il ne s'interdit pas, pour autant, d'évoluer. Du moins, il espère pouvoir le faire. "On vous fait souvent faire ce dans quoi on vous a déjà vu", déplore le réalisateur, à qui l'étiquette de spécialiste du film d'action colle à la peau. "J'adore les comédies, il y en d'ailleurs un peu dans mes films. Plusieurs genres m'intéressent, comme le thriller. J'entame la seconde phase de ma carrière et j'espère pouvoir explorer à partir de maintenant de nouvelles voies".
Son prochain film, 13 hours, tiré d'une histoire vraie, relate l'attaque d'un camp de l'armée américaine par des terroristes à Benghazi. Le film, sans stars à l'affiche, doit sortir en 2016. Malgré son palmarès au box-office, le réalisateur affirme ne pas avoir pour autant les coudées franches sur tous les projets qu'il mène. "J'ai fait beaucoup de films pour la Paramount avec des budgets phénoménaux mais sur mon dernier long-métrage, j'ai dû mendier une rallonge de 10 millions de dollars. On ne finance plus que des tout petits films ou des très gros films. Les films moyens (en terme de budget) ont quasiment disparu", déplore le metteur en scène.
Michael Bay sur les planches ce vendredi après-midi