Le convoi de combustible nucléaire Mox parti de Beaumont-Hague par bateau début juillet est arrivé au Japon jeudi matin, a-t-on appris auprès de la compagnie destinataire et de manifestants contre l'énergie atomique.
"Nous confirmons l'arrivée du chargement mais ne pouvons donner plus de précisions à ce stade", a répondu à l'AFP un porte-parole de la compagnie exploitante, Kansai Electric Power."Il est arrivé aux environs de 07H00 locales (mercredi 22H00 GMT) et nous sommes en train de protester", a déclaré par téléphone à l'AFP Sorin Kihara, un des manifestants présents au petit matin sur place, à proximité de la centrale Takahama, dans l'ouest du pays.
Le chargement de mélange d'oxydes d'uranium et plutonium (Mox), embarqué à bord du Pacifiq Egret escorté par un autre bâtiment, le Pacifiq Heron, a rejoint le port de Takahama, près du site où il doit être utilisé. La cargaison était partie le 6 juillet de l'usine du géant nucléaire français Areva de Beaumont-Hague, à 20 km de Cherbourg où elle a été chargée à bord du navire spécialisé.
Il s'agit du sixième transport de Mox de la France vers le Japon, le premier datant en 1999 et le précédent de 2013. Le Japon, qui disposait avant l'accident de Fukushima en 2011 de 54 réacteurs et d'un plan étendu d'utilisation de Mox, stocke actuellement environ 9,8 tonnes de plutonium sur son territoire ainsi 36,3 tonnes en France et au Royaume-Uni.
Trois des cinq réacteurs actuellement en exploitation au Japon (sur un parc ramené à 42 tranches) sont en partie chargés de Mox, dont les unités 3 et 4 de Takahana. "Le Japon détient le cinquième plus important stock de plutonium dans le monde et les quatre autres sont des États dotés d'armes nucléaires", rappelle Shaun Burnie, un spécialiste de l'industrie nucléaire travaillant pour l'organisation écologiste Greenpeace.
Le Japon est obligé de faire retraiter et transformer en Mox à l'étranger son combustible usé, en France essentiellement. Il a lancé en 1993 la construction d'une usine de retraitement dans le nord de l'archipel (à Rokkasho, en partenariat avec Areva), mais de très gros soucis techniques sur l'étape finale de vitrification notamment ont allongé le calendrier de mise au point des installations et, 24 ans après, elles ne sont toujours pas en service.