Le calendrier de mise en service de l'EPR de Flamanville était déjà jugé "tendu" par tous les acteurs du dossier. Les défauts de soudure révélés cette semaine nourrissent davantage les doutes de l'ASN sur sa faisabilité.
Il était "tendu". Il est désormais "plus que tendu". C'est ce qu'a déclaré ce jeudi à l'AFP le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) Pierre-Franck Chevet au sujet du calendrier du démarrage du futur EPR de Flamanville, des propos qui font suite à l'annonce par EDF mardi dernier des défauts de soudure sur le site.
Le calendrier "est plus que tendu maintenant, clairement ces anomalies ne vont pas dans le bon sens", a estimé M. Chevet, en marge de la présentation d'un rapport de l'ASN sur la sûreté nucléaire en France auprès des parlementaires de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques. "Il y aura du travail à faire", a-t-il ajouté.
Le groupe EDF avait annoncé mardi que des "écarts de qualité" sur certaines soudures du réacteur nucléaire EPR de Flamanville avaient été détectés fin mars.
L'électricien ne s'est pas encore prononcé sur les conséquences que pourraient avoir ces anomalies sur le calendrier et le coût du projet. Pour l'heure, il prévoit de démarrer l'EPR fin 2018, pour une mise en service commerciale en 2019.
"Une ligne droite compliquée"
L'EPR "se rapproche du moment (du démarrage, ndlr) mais c'est une ligne droite qui est compliquée" parce qu'elle est "faite pour tout vérifier", a commenté M. Chevet. "Par définition, c'est là aussi qu'on peut avoir des mauvaises surprises", a-t-il ajouté.Les défauts ont été détectés lors de la "visite complète initiale", une étape règlementaire préalable à la mise en service de l'installation. Les soudures avaient déjà été contrôlées par le groupement des entreprises en charge de la fabrication du circuit, ce qui "pose problème" par rapport à "la qualité" de ces contrôles, a commenté le président de l'ASN.
Le gendarme du nucléaire, qui a procédé à une inspection du chantier, a indiqué mercredi que "l'organisation" et les "conditions de travail" avaient "nui à la qualité" des contrôles. "Il y avait une pression (...) qui était forte", a commenté M. Chevet, qui a toutefois précisé que "ce n'était pas nécessairement anormal".
L'ASN a également mis en cause une "surveillance inadaptée" de ces procédures par EDF et Framatome. Une expertise a été lancée pour analyser les causes et la nature des écarts, selon EDF. Elle permettra de définir les actions pour y remédier à proposer à l'ASN en mai. A l'issue de cette procédure, EDF sera en mesure de préciser si un ajustement du calendrier et du coût du projet sera nécessaire.