Jeudi soir, la cousine du djihadiste a reçu la visite de la police de la police dans le cadre d'une perquisition administrative dans le cadre de l'état d'urgence. Elle s'explique aujourd'hui à Ouest France
Quartier Perseigne à Alençon, toute la presse mondiale a fait le voyage depuis une semaine, devant la boîte aux lettres du dernier domicile connu de Fabien Clain, la voix de Daech qui a revendiqué l'acte de terreur du 13 novembre à Paris.
Jeudi dernier, le Préfet de l'Orne a fait perquisitionner le domicile de la cousine de Fabien Clain à Alençon. Ce mardi matin, toute la famille du terroriste encore en Normandie répond à nos confrères de Ouest France.
La cousine, d'abord, s'explique. "Jeudi soir, j'étais en train de préparer à manger pour mon fils. Ça a sonné à la porte, j'ai regardé à l'oeilletton. Sur le palier, j'ai vu des hommes habillés en noir. (..) les policiers ont visité toutes les pièces de l'appartement. ils sont restés pendant six heures, ont copié mon disque dur et m'ont posé des questions sur les liens avec Fabien et Jean-Michel Clain, mes cousins" , raconte celle qui est aujourd'hui gardée à résidence dans l'Orne.
"Moi, je suis convertie depuis 2013, mais je pratique un islam modéré. Quand j'ai entendu la voix de Fabien et le chant de Jean-Michel sur la revendication, j'étais sciée. Ce fut le choc pour moi", souligne-t-elle. "Ils ont joué un double jeu", ajoute l'Alençonnaise "en contact avec Fabien, sa femme Mylène et leurs enfants" depuis leur retour dans cette ville de 26.300 habitants en "2012", jusqu'à leur départ il y a quelques mois.
"Les forces de l'ordre pensent que je suis liée à eux, mais je n'ai pas choisi ma famille (...) j'étais à mille lieues de penser qu'il pratiquait l'islam radical", ajoute-t-elle.
Quant à sa femme Mylène, "pendant l'été j'ai reçu un message me disant qu'elle était en Syrie avec les enfants (...) J'ai parfois quelques nouvelles de sa part mais juste pour me dire comment vont les enfants, c'est tout", explique-t-elle.
Du fait de son assignation à résidence depuis jeudi, elle doit pointer quatre fois par jour au commissariat. "J'ai peur de sortir, d'être agressée par des gens qui m'assimilent à Fabien et Jean-Michel", ajoute-t-elle.
Converti à l'islam dans les années 90, Fabien Clain est originaire de la Réunion, mais a grandi à Alençon, où il était revenu en 2012 après avoir fait trois ans de prison suite à son arrestation en Syrie dans le cadre du démantèlement d'une filière djihadiste. Son nom apparaît dans les affaires Mohamed Mehrah, celle de l'attentat avorté contre une église à Villejuif, et des menaces d'attentat en 2009 contre la Bataclan, dont il accusait les propriétaires d'être "sionistes".
Selon les informations de RTL publiées hier, Clain pourrait être revenu en France. Selon notre confrère, "les enquêteurs cherchent à savoir si il ne serait pas lui même l'inspirateur des attentats ; quitte à revenir en France ou en Belgique pour les superviser." Les frères Clain avaient résidé dans le quartier de Molenbeek à Bruxelles dans les années 2000 et en Syrie étaient en contact avec Abdelhamid Abaaoud, tué dans l'assaut de Saint-Denis.
Deuxième membre de la famille Clain à prendre la parole ce matin, la belle-mère de Fabien Clain. La mère de Mylène, la compagne du terroriste, s'étonne de son départ soudain pour la Syrie cet été avec ses enfants.
"On leur avait retiré leur passeport. Comment ont-ils pu quitter le pays ? Je suis debout car j'ai beaucoup de soutien. Mais ma vie est brisée", ajoute cette assistante maternelle.
Fabien Clain et Mylène se sont retrouvés au milieu des années 90 à Alençon, après s'y être connus sur les bancs de l'école primaire. "Il était gentil, on peut pas lui enlever ça", dit la mère de Mylène.
Lorsque sa fille, aujourd'hui âgée de 36 ans, commence à se voiler à l'âge de 20 ans, son père, décédé il y a deux ans, refuse de la voir. Sa mère, elle, ne peut rompre et voit sa fille et ses petits enfants, sans Fabien Clain.