Le Département de l'Orne a hébergé pendant près de 20 ans la Banque alimentaire. Depuis l'an dernier, les ponts semblent définitivement coupés entre les deux entités. La collectivité locale a préféré réserver ses subventions à d'autres associations caritatives.
"Il n'y a pas de conflit avec la Banque alimentaire", assurait la semaine dernière à notre équipe Alain Pelleray, directeur de cabinet au Conseil Départemental de l'Orne, "D'abord la Banque alimentaire a été présidée durant de nombreuses années par un ancien cadre du Département et on entretient les meilleures relations avec la Banque alimentaire. Je ne vois pas de problème politique ni de problème particulier avec la Banque alimentaire". Et d'ajouter: "le rôle de la Banque alimentaire est irremplaçable". Mais quelques jours plus tard, le Département semble l'avoir oubliée au moment d'accorder ses subventions.
Pendant près de 20 ans, la collectivité locale a hébergé l'association caritatives dans ses locaux. En février 2017, la Banque alimentaire est contrainte de déménager. Le Département souhaite récupérer son bien. L'association bénéficie alors d'une aide pour aménager ses nouveaux locaux mais dois désormais seule assumer la charge financière d'un loyer de 33 000 euros. Et lance, un an plus tard, un appel à l'aide auprès des collectivités, notamment le Département.
"Vous connaissez la difficulté des budgets des Départements, notamment tout ce qui est l'incidence sociale (...) il apparaît difficile de pouvoir subventionner plus avant des organismes comme la Banque alimentaire", expliquait la semaine dernière Alain Pelleray. Même si les départements voisins y arrivaient. "Aujourd'hui, la Banque alimentaire fait appel à la générosité publique et la générosité publique c'est pas obligatoirement celle des collectivités."
Et pourtant, le Département de l'Orne subventionne des "organismes comme la Banque alimentaire". C'est ce qu'il ressort du compte-rendu de la session du premier trimestre 2018, un compte-rendu disponible sur son site internet. "Plus de 200 000 € accordés par le Département à des associations œuvrant en direction de publics fragilisés dans leurs parcours de vie", souligne le Conseil départemental dans le volet "Social-Humanitaire".
Parmi les bénéficiaires, on trouve des associations venant en aide aux malades (addictologie, soins palliatifs) ou aux familles de détenus, la Protection civile, mais aussi le Secours catholique (11 700 €) "qui poursuit ses actions aux profits des Ornais les plus défavorisés" ou les Restos du coeur (20 700 €) "qui assure prioritairement la distribution d’alimentation aux personnes les plus démunies". Mais nulle trace de la Banque alimentaire.
Interrogé sur ce sujet ce mercredi matin, le Conseil départemental s'est montré peu loquace. Dans une réponse lapidaire, adressée par SMS, il nous est indiqué que "ces structures (ndlr: les associations bénéficiant de subventions) sont aidées au titre de l'insertion pour l'embauche de personnes en difficulté". Sans plus de précisions.