Selon les magistrats, c'est la première fois en dix ans qu'une affaire d'une telle ampleur est jugée par le tribunal d'Alençon. Un couple de gérants d'un dépôt-vente de voitures d'occasion comparaît pour avoir escroqué plusieurs dizaines de leurs clients.
"Ce mec avait tellement de bagou qu'il aurait vendu du sable au Sahara", racontait à notre équipe l'une des victimes du gérant d'Auto GP 61 à Condé-sur-Sarthe en 2014. Quatre ans plus tard, le procès s'est ouvert ce mercredi matin au tribunal correctionnel d'Alençon, un procès qui doit durer trois jours. Car le dossier est conséquent, pas moins de 4800 pages, et recense plusieurs dizaines de victimes 100 pour être précis, défendues par une quinzaine d'avocats.
Tous les clients lésés de ce dépôt-vente de voitures d'occasion n'ont pas fait le déplacement ce mercredi, mais les personnes présentes racontent à peu près toutes la même histoire. "On a déposé notre voiture en dépôt-vente. Il nous a dit qu'elle a été vendue et nous a donné un chèque. Mais impayé", raconte une dame. "On a acheté une voiture, on lui a versé l'argent et qu'on est venu chercher la voiture, on nous a dit qu'elle avait été vendue à quelqu'un d'autre. Et il nous a jamais rendu l'argent, les 24 700 euros qu'on lui a laissés", raconte une victime.
Une première liquidation
Si l'homme, âgé aujourd'hui de 45 ans, a semble-t-il un solide bagou, il n'a en revanche pas vraiment la bosse des maths. La comptabilité n'est pas vraiment fort. Car le procès qui s'est ouvert ce mercredi porte sur la période 2012-2014, période durant laquelle il a rouvert son entreprise Auto GP 61, sous le nom de son épouse (qui comparaît également devant la tribunal), après une liquidation.Sur le plan pénal, le couple de gérants risque jusqu'à cinq ans d'emprisonnement. Mais déclaré aujourd'hui insolvable, il sera bien en peine de rembourser ses victimes. "C'est l'Etat, c'est le service de remboursement des victimes d'infractions qui va être encore une fois mis à contribution pour que les victimes soient indemnisées selon un barème qui ne sera pas forcément la somme globale à laquelle les prévenus auront, on l'espère, été condamnés", déplore Maître Bertrand Deniaud , l'un des avocats des parties civiles.