Saturation des urgences de l'hôpital d'Alençon : un syndicat tire la sonnette d'alarme

"Là, on était arrivé à un point de rupture avec 40 patients aux urgences, et certains qui y ont passé 6 jours d'affilée." Marie Labelle secrétaire adjointe FO exprime la colère des infirmiers du service des urgences de l'hôpital d'Alençon-Mamers. Le manque de personnel et de lits est pour beaucoup dans cette situation que la direction ne renie pas mais tente de réguler.

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"On n'a jamais eu autant de personnes au sein des urgences, les gens ont passé des jours sur des brancards dans les box et les couloirs. Il y a déjà eu des attentes de 2 à 3 jours dans les couloirs, mais là, c'est inacceptable!" s'insurge Marie Labelle, secrétaire adjointe FO et infirmière de métier. 

Le problème, en particulier l'été avec les congés des soignants et les absences liées au covid, est récurrent et c'est aussi cela qui pose question : "Les infirmières des urgences essaient de travailler comme si cette situation était normale, mais quand on est un seul au lieu de trois, ça épuise. Les gestes techniques sont toujours assurés, mais tout ce qui se joue autour n'est plus possible : la réassurance des patients et de leurs proches, calmer les peurs ... On est dans des conflits de valeur", souligne Marie Labelle. D'où l'épuisement des personnels soignants. 

Une situation que reconnaît d'ailleurs la direction du Chicam (Centre hospitalier intercommunal d'Alençon Mamers). Ninon Gautier, qui représente la direction, reconnait que " c'est un fait, le sentiment de saturation et d'usure après deux ans et demi de covid existe. Le mal-être au travail est réel. Mais quand on va regarder de plus près nos pics de fréquentation aux urgences, ils sont comparables à ceux de l'an dernier."

Dans sa lettre envoyée à l'ARS ce jeudi 21 juillet 2022, le syndicat FO souligne aussi les cas de "contention des patients et de sédation", afin d'éviter qu'ils ne déambulent dans le service.  Ce à quoi Ninon Gautier répond que "oui, des contentions chimiques et physiques ont parfois lieu, mais uniquement pour des raisons de sécurité, et à la marge, dans le respect des protocoles médicaux." 

Quant à la durée de passage aux Urgences, "on ne va pas nier l'évidence : on reste trop longtemps dans le service. Mais si on reprend les chiffres depuis le 1er juillet, 6 patients ont passé plus de 72 heures dans le service alors qu'il y a 100 passages par jour. Un seul a passé plus de 5 jours pour un transfert long et compliqué à obtenir", affirme  Ninon Gautier

A l'origine de l'engorgement des urgences : un manque de lits dans les étages pour vider le service

Si les urgences ne parviennent pas à se vider, c'est parce que les patients ne peuvent pas être réorientés vers les services qui devraient les accueillir. 

Pour Pascal Lamarche, de l'Union départementale de la Santé pour la CGT "le problème vient de la suppression des lits et d'une gestion purement organisationnelle et comptable. Au total, 74 lits ont été fermés sur les deux sites hospitaliers. "

Des difficultés structurelles de recrutement à l'hôpital

"L'hôpital bénéficie de la réserve sanitaire qui permet de récupérer une dizaine de postes" note la représentante de la direction. Largement insuffisant selon FO et la CGT. " Nous avons des difficultés à recruter, reconnait Ninon Gautier. Mais on a réussi à embaucher une quinzaine de personnes pour ouvrir des lits en septembre. Alors certes le recrutement n'est pas à la hauteur de nos besoins, mais cette situation n'est pas atypique."

Autre piste de réflexion selon Pascal Lamarche, "le dispositif de maintien des personnes âgées à domicile devrait être renforcé afin d'éviter des passages de personnes déjà fragilisées aux urgences."  

Une réunion  entre l'ARS, la direction et FO est prévue mardi  26 juillet, afin de faire avancer une problématique qui est loin d'être locale. 

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