A 17 ans, Achille Breux a une double vie. Comme tous les jeunes, il va au lycée. Mais de retour à la maison, ce passionné de magie réalise des vidéos qui affolent les compteurs sur les réseaux sociaux.
"Un jour, mon papa m'a fait un tour de magie et m'a dit : si tu mets la table pendant une semaine, je t'expliquerai ce tour à la fin de la semaine." Achille avait huit ans. Depuis, le virus de la magie ne l'a plus lâché. "C'est un art que j'adore. Il y a plusieurs branches en magie : le close-up, la scène, le mentalisme et même l'hypnose. Moi, je suis plus dans la nouvelle génération de la magie." A 17 ans, le lycéen de Mortagne-au-Perche a embrassé le média de sa génération : les réseaux sociaux. Et ça lui réussit plutôt bien : il compte aujourd'hui 2,2 millions d'abonnés sur Tik Tok. Et certaines de ses vidéos engrangent des centaines de milliers de vues.
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♬ son original - achillemagic
"J'aime beaucoup la magie derrière un écran, parce que, simplement en postant une vidéo sur les réseaux sociaux, je peux toucher des millions de personnes et pas seulement des gens qui parlent français mais partout dans le monde. Je trouve ça incroyable.", explique Achille, qui, depuis un an et demi, poste en moyenne une vidéo par jour. C'est l'arrivée sur Tik Tok qui a accéléré la "carrière" du lycéen magicien. "En trois semaines, j'avais atteint les 100 000 abonnés. Je faisais 200 à 300 vues sur un autre réseau social, j'étais déjà content. De passer de 200 vues à 100 000, 200 000, c'est assez fou !"
Faire passer "un bon moment"
Si Achille Breux a du succès c'est aussi parce qu'il a bien intégré les codes du réseau social. "Ce sont des vidéos dans lesquelles j'interagis beaucoup avec les gens. Pendant le confinement, le plus dur c'est d'être seul. Dans mes vidéos, je tutoie mes spectateurs, ça crée un lien, on se rapproche. Je m'adresse directement à la personne qui est derrière l'écran. J'essaie de varier aussi : il n'y a pas que de la magie, il y a aussi des énigmes ou des petits jeux (....) J'essaye de faire passer aux gens un bon moment. Et je ne partage pas trop ma vie parce que je pense que ce n'est pas forcément très intéressant."
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La vie d'Achille, ce qu'il appelle "la vraie vie", ce sont les cours au lycée Jean-Monnet, à Mortagne-au-Perche. "On suit ça (ndlr : sa carrière sur les réseaux sociaux) avec beaucoup d'attention et en gardant les pieds sur terre, surtout lui", souligne Gaëlle, sa maman, "Il continue de vivre sa vie de lycéen comme tous les autres (...) On ne l'a jamais freiné, bien au contraire, on a toujours été à l'encourager. Il nous pose beaucoup de questions et nous l'accompagnons aussi dans le cadre de sa structure, pour gérer son entreprise."
Les grandes marques à l'affut
Car la notoriété du lycéen n'a pas tardé à attirer l'attention de grandes marques. Achille a déjà réalisé des vidéos pour la grande distribution, une enseigne de vente par correspondance ou une célèbre chaîne de fast-food. "Ils apprécient l'image que je reflète avec la magie. Ils recherchent de l'artistique pour mettre en valeur leurs produits de façon différente et pas simplement donner un code-promo ou parler du produit face cam." Les marques aussi ont bien compris les codes des réseaux sociaux et rémunèrent la production de contenu. Pour développer cette activité, Achille a dû monter avec ses parents une SARL. Il réalise aussi parfois des vidéos gratuitement comme pour la Croix-Rouge "parce que c'est pour la bonne cause".
Pour autant, le jeune homme ne se décrit pas comme "influenceur". Il préfère le terme de "créateur de contenu", un moyen pour atteindre son véritable objectif. "Mon rêve, c'est d'être magicien", rappelle Achille, "Ce n'est pas parce que j'ai commencé les réseaux sociaux et que j'ai une petite notoriété que mon rêve a changé. Les réseaux sociaux, ça peut être un petit tremplin pour me faire connaître."
Avec l'argent versé par les marques, le lycéen magicien veut financer son prochain projet, "un spectacle 100% interactif, virtuel, que les gens pourront regarder partout en France". Un spectacle qu'il aimerait bien finaliser en fin d'année - "ce serait cool pour la période des fêtes" - et qui en appellera sans doute d'autres, mais cette fois-ci dans la "vraie" vie. "Dans un an et demi, quand j'aurai fini les cours, peut-être que je prendrai une année pour essayer de monter mon spectacle, un vrai spectacle one-man-show, sur scène."