Gérard Samoyeau et Yann Siloret sont les patrons de la boîte de nuit "Le Why Not" à Flers. Depuis plusieurs mois, tous les deux travaillent dans un abattoir de Saint-Hilaire-du-Harcouët dans la Manche pour faire face aux charges qui tombent et continuer à vivre.
Conditionner la viande, l'emballer ou encore travailler à la saucisserie, c'est le nouveau métier de Gérard Samoyeau, 46 ans : "Les conditions sont particulières, il fait froid et les charges sont lourdes. Je commence à cinq heures du matin mais je découvre de nouvelles choses tous les jours et c'est intéressant". En effet pour ce patron de discothèque, travailler dans l'abattoir de Saint-Hilaire-du-Harcouët dans la Manche est une situation inédite mais il n'a pas le choix "il faut travailler pour pouvoir continuer à vivre, payer mes factures, je ne veux pas me retrouver à la rue".
Même son de cloche du côté de son associé Yann Siloret, 39 ans. Polyvalent également, il travaille actuellement dans les bureaux de l'abattoir "je m'occupe de la comptabilité et des paies, ça n'a rien à voir avec le monde de la nuit c'est sûr mais je n'ai pas envie de me morfondre sur mon sort. On a le droit à aucune aide sociale personnelle, même pas le RSA ! Alors avec mon associé Gérard on a décidé d'avancer et gagner de l'argent".
Des embauches évidentes pour le patron
Les deux hommes travaillent au sein de l'entreprise TEBA depuis mai 2020. D'abord pour subvenir aux charges du mois d'après mais avec la fermeture administrative de leur établissement qui perdure à cause de la crise sanitaire, ils ont toujours continué à travailler à l'abattoir. Pour le patron, Manuel Pringault, embaucher les deux couteaux-suisses était une évidence : "Ce sont des travailleurs acharnés. Ils ne rechignent devant rien et sont toujours partants quel que soit le poste. D'ailleurs, dans la vie, Gérard et Yann sont aussi des amis, ça me paraissait normal de leur tendre la main".
Les deux hommes font l'aller-retour Flers/Saint-Hilaire-du-Harcouët chaque jour et c'est un vrai choix pour eux : "On est connu à Flers avec notre discothèque qui est dans le centre-ville, on ne voulait pas de la compassion des gens ou faire face aux médisances. On met 45 minutes pour se rendre au travail mais au moins personne ne nous connaît là-bas" nous explique Yann.
Ils attendent impatiemment la réouverture de leur discothèque
Yann et Gérard cultivent leur optimisme en travaillant mais ils sont aussi conscients que les charges continuent à tomber pour leur boîte de nuit : "Certes on bénéficie des aides du gouvernement mais ce n'est pas assez pour couvrir toutes les charges. Imaginez le nombre de discothèques qui vont mettre la clé sous la porte, nous ne voulons pas ça. On s'est battu pour ouvrir cet établissement il y a douze ans et on ne laissera pas tomber mais il faut que le gouvernement réagisse, ça fait un an, nous nous sentons oubliés" nous confie Yann. Tous les deux continuent à s’occuper de leur établissement et Gérard ajoute : "Une fois par semaine, on y retourne, on rallume tout, pour l'entretien. C'est vraiment dur de voir la boîte de nuit vide".
Les deux hommes attendent impatiemment le jour où ils pourront rouvrir leur établissement et retrouver leur vie dans le monde de la nuit.